Quel contraste ! (Cooper²)

Bien que je ne sois pas encore totalement rétabli du fait qu’un cinglé m’ait renversé il y a quatre semaines, aujourd’hui j’étais plutôt content. Pourquoi ça ? Tout simplement parce que tout à l’heure on m’avait enfin retiré ce fichu plâtre. Depuis le temps que celui-ci me gênait et me démangeait ! C’était une bonne chose de faite, même s’il faudrait encore environ un mois avant qu’on m’enlève les broches. Mais déjà sentir ce poids en moins allait m’aider à me sentir plus libre de mes mouvements. J’allais pouvoir de nouveau conduire plutôt que de prendre les transports en commun ou de devoir demander à mon frère ou mes amis de m’emmener à droite et à gauche. Bref, ça serait nettement mieux puisque je ne suis pas fan de devoir dépendre des autres pour me déplacer comme bon me semble.

Comme Mattéo n’était pas disponible aujourd’hui, j’avais donc pris le bus pour me rendre à l’hôpital, j’étais donc dans l’obligation de faire la même chose pour le retour. Sur le trajet je ne pouvais m’empêcher de penser à cette jolie interne qui s’était occupée de moi. Une superbe rousse avec de magnifiques yeux bleus. Elle rentrait totalement dans mes critères de beauté c’était indéniable. Quant à sa personnalité, je ne la connaissais pas encore assez pour en juger, mais j’avais décelé qu’elle était du genre timide, ce que je trouvais adorable. Ça changeait de toutes ces minettes trop sûres d’elles qui n’avaient pas la même saveur que Tiffany. En effet, j’aime plaire et séduire les filles, mais dans le fond derrière ma carapace de player se cache un amoureux de l’amour qui ne demande qu’à rencontrer la perle rare et à avoir une histoire plus sérieuse que toutes ces aventures sans lendemain que j’ai pu avoir jusque-là. Bien sûr j’ai déjà eu des petites relations qui avaient duré plus que ça, mais pas hyper longtemps non plus. Enfin bref, j’avais fait sortir son côté charmeur auprès de la rouquine. Celle-ci semblait méfiante, mais j’avais bon espoir qu’elle me contacte puisque je lui avais laissé mon numéro. Je l’avais également invitée à se joindre à moi ce soir, car j’étais invité à une fête sur le campus, mais je n’étais pas franchement certain qu’elle viendrait, car elle ne m’avait pas parue plus emballée que ça par ma proposition. Mais qui sait ? Peut-être qu’elle changerait d’avis d’ici tout à l’heure.

L’autocar s’arrêta dans ma rue, j’en descendis en disant au revoir au chauffeur. Il ne me restait plus que quelques mètres à faire à pied avant d’arriver chez moi. Je ne mis donc pas très longtemps à les parcourir. En arrivant devant la maison, je remarquai que la voiture de mon frangin était là. Ce qui voulait dire qu’il était rentré. J’entrai donc sans prendre la peine de frapper puisque j’étais chez moi après tout. J’eus tout juste le temps de refermer la porte que notre chien déboula comme un fou et me sauta dessus, ce qui me fit rire. « Oui Cartoon papa est là ! » Dis-je en caressant sa tête avec entrain tandis que le berger allemand faisait cogner fortement sa queue contre le meuble de l’entrée. Lorsqu’il décida enfin de reposer ses pattes sur le sol, j’enlevai ma veste pour l’accrocher au mur. Puis, n’entendant pas mon frère, je fronçai les sourcils, trouvant bizarre le fait qu’il ne m’ait pas encore adressé la parole. Je m’enfonçai davantage dans notre logement et posai ma pochette sur la table du salon. Ayant un creux, je filai ensuite dans la cuisine. C’est là que je trouvai mon aîné occupé à faire du rangement - et du nettoyage de ce que je sentais - avec une tête d’énervé. Le connaissant assez bien, je me doutais qu’il y avait quelque chose qui devait le contrarier. « C’est là que tu te cachais Matt ! » Dis-je en ouvrant le frigo afin de voir s’il y avait quelque chose de bon à grignoter étant donné que je n’avais pas encore eu le temps de manger, ayant sauté le repas du midi. Ce qui ne me ressemble pas, c’est vrai, mais là j’avais eu la tête ailleurs… « Qu’est-ce que qui t’arrive pour que tu sois pris d’une frénésie de nettoyage ? » Lançai-je, cherchant à savoir ce qui pouvait le tracasser. Toujours le nez dans le frigidaire, j’en sortis des aiguillettes de poulet rôti ainsi que de l’emmental en tranches, des cornichons et de la sauce burger. J’attrapai également une bouteille de soda. Une fois tout ceci en main, je poussai avec mon bras la porte du frigo avant de poser tout ce que je portais sur la table. Puis, je fouillai dans la huche pour y prendre du pain. Ensuite, je me saisis d’un verre propre ainsi que d’un couteau. Avec tout ce qu’il me fallait, je me préparai un sandwich sous le regard intéressé de mon ami à quatre pattes. Vérifiant que Mattéo ne m’observait pas, je pris un petit morceau de poulet que je donnai à mon animal qui n’était pas très discret vu le bruit qu’il faisait, ce qui me fit grimacer.

Bien que j’y aie fait une agréable rencontre, j’étais très content d’être rentré de l’hôpital, car je déteste ce genre d’endroit. Moins j’aurai à m’y rendre, mieux je me porterai… Pour l’instant, malheureusement, je savais qu’il faudrait que j’y retourne encore au moins quelques fois avant que je sois tranquille. Ça m’enquiquinait sérieusement, mais je n’avais pas le choix, j’allais devoir prendre mon mal en patience. Mais si en allant à l’hosto ça me permettait de recroiser la belle Tiffany, j’en serais ravi. Oui, cette fille naturelle m’a tapé dans l’œil, car je la trouve différente des autres que j’ai l’habitude de côtoyer. Ce qui était un très bon point pour elle. J’aimerais bien la revoir, mais je ne saurais dire si ce sentiment est partagé ou non.

De retour à la maison, j’avais eu un excellent accueil de la part de Cartoon, ce qui m’avait fait plaisir. En revanche, j’étais surpris que mon aîné ne se soit pas déjà pointé pour me saluer et me questionner. Ayant besoin de manger quelque chose, car mon estomac criait famine étant donné que je n’avais rien avalé depuis un moment, je me rendis très vite jusqu’à la cuisine où je pus constater la présence de mon frangin. Je ne pus guère m’empêcher de lui lancer une petite remarque. « Ah ouais ? T’es sûr ? D’habitude, j’ai à peine franchi le pas de la porte que t’es sur mon dos. » Répondis-je alors qu’il m'indiquait ne pas se cacher. Étrangement, je n’étais pas convaincu par ses propos. Tandis que je checkais l’intérieur du frigidaire, je l’entendis me balancer que tout allait dans le meilleur des mondes. Étant loin d’être bête, je compris qu’il venait de me parler de manière ironique, ce que je m’empressai de faire également. « Wow qu'est-ce que ça doit être quand t'es vraiment heureux alors ! » Ce que je n’étais pas habitué à voir puisque suite à la mort de papa et maman, j’avais la sensation que mon frère ne profitait plus de rien et passait complètement à côté de sa vie. Bien sûr, je lui serai éternellement reconnaissant d’avoir pris soin de moi toutes ces années, mais il ne pouvait pas continuer ainsi. Depuis que nous sommes orphelins, Matt est malheureux comme les pierres et sacrifie sa vie sentimentale. De mon côté, je regrette aussi nos défunts parents, mais contrairement à lui, je ne me prive pas de faire des rencontres et je croque la vie à pleines dents.

Tandis que j’avais pris de quoi me préparer un bon sandwich maison, mon animal me fit sentir qu’il avait bien envie d’y goûter. De ce fait, je lui donnai un peu de poulet puis je composai mon casse-dalle. Comme je m’en doutais, à cause du manque de discrétion de mon berger allemand, je me fis enguirlander par mon frangin. Je soupirai avant de le fixer d’un air quelque peu mauvais. Oui, j’étais irrité qu’il râle pour si peu. « C'est juste un mini bout de poulet. Tu sais qu'il est comme moi et qu'il adore ça ! Et puis même s'il mangeait que de l'herbe, ça ne l’empêcherait pas de gonfler. Regarde les vaches l'herbe c'est leur bouffe principale et pourtant elles sont pas maigres. S’il n'avalait que des croquettes ou de la pâtée, il pourrait prendre du poids aussi... Pour le sport, je peux toujours essayer de l'emmener courir avec moi ! » Répondis-je du tac au tac sans me démonter. Ce n’était pas un malheureux morceau de viande qui allait rendre malade ou obèse Cartoon. Il faut pas déconner ! Parfois, Mattéo a le don d’exagérer les choses, comme c’était le cas présentement. Tout en terminant de préparer mon pain garni avec que des aliments que j’aime, je regardais l’autre brun. « Je sais pas quelle mouche t’a piqué ! Mais si c’est pour être d’une humeur de dogue, tu devrais rappeler ton agent de sécurité ! » Claquai-je avant d'ajouter. « Quoi que j’en sais rien vu que la dernière fois tu m’as fait la tronche parce qu’il a détalé comme un lapin quand je vous ai surpris en pleine séance massage ! » Tout compte fait, ce n’était peut-être pas une bonne idée qu’il recontacte ce gars, car je ne souhaitais pas que mon frère fasse la gueule par sa faute. J’étais d’ailleurs loin d’imaginer que ce garçon avait un rapport avec l’état actuel de Matt.

Sans attendre de réponse, n’aimant pas l’ambiance, je tournai les talons. « Allez, viens Cartoon ! On est de trop ici ! » Je partis au salon, emmenant avec moi ma boisson, mon verre ainsi que mon sandwich. Si l’autre Cooper comptait garder sa mauvaise humeur, autant qu’il reste seul dans la cuisine, car je ne désirais pas subir ça. Une fois bien installé, je posai tout ce que j’avais dans les mains sur la table basse puis me saisis de la télécommande et allumai le poste de télévision. Je zappai jusqu’à tomber sur une rediffusion de Buffy contre les vampires. Je connaissais très bien celle-ci pour l’avoir visionnée dans son intégralité à plusieurs reprises durant mon adolescence, mais je laissai l’épisode défiler puisque je ne me lassais pas de cette série culte chère à mon cœur.

Certes mon grand frère me paraissait bizarre, mais il venait de marquer un point. En effet d’habitude je n’appréciais pas toujours qu’il me mette le grappin dessus dès que j’étais à la maison, mais voilà je sentais bien qu’il y avait quelque chose d’anormal. « C’est pas faux. » Admis-je, d’accord avec lui. Eh ouais, je n’étais pas dupe malgré ce que pouvait dire mon aîné. Est-ce que c’était moi qu’il cherchait à convaincre ou simplement lui-même ? J’ouvris la bouche en grand quand Mattéo me claqua de manière brutale de lui foutre la paix. Jamais d’ordinaire il ne s’adressait de cette façon, encore moins à mon égard.

Bon sang ce que mon frangin pouvait être désagréable aujourd’hui. Tellement qu’il commençait à me faire monter les nerfs. Moi qui étais pourtant plutôt de bonne humeur, il faut croire qu’il m’avait contaminé. « Va te faire foutre toi aussi ! Cartoon va très bien, t’en fais des caisses là ! Et si je pouvais reprendre le sport, je l’emmènerais de suite ! » Sauf que Tiffany et sa superviseuse m’avait déconseillé de m’y remettre pour le moment, alors il fallait que je me montre raisonnable même si ça me démangeait d’aller me défouler en joggant. Quel bien fou ça me ferait en cet instant précis. N’en pouvant plus de cette mauvaise ambiance instaurée par Matt, je lui conseillai – pas très gentiment j’avoue – de rappeler ce garçon avec lequel je l’avais vu il y a quelque temps, avant de me raviser, ne sachant qu’en penser au final. J’étais loin d’être idiot contrairement à ce que certains pourraient croire à mon sujet. Pour cause, il y a longtemps que j’avais deviné que Mattéo n’était pas hétéro, et ce même s’il avait eu une histoire avec une fille étant plus jeune. Il y avait des signes qui ne trompaient pas, et je les avais perçus alors que moi-même je vivais mes premiers émois à l’époque du collège.

Ayant besoin de retrouver le calme, je partis m’isoler au salon avec mon animal et commençai à me détendre tout en regardant l’épisode durant lequel Alex faisait une grosse déclaration d’amitié à son amie qui avait vrillé et était sous l’emprise totale de la magie noire. Tandis que je mangeais tranquillement mon casse-dalle, j’entendis la respiration de mon chien qui me faisait comprendre qu’il en voulait un morceau. Me fichant pas mal de ce que penserait mon frère, j’arrachai un petit bout de pain que je donnai à Cartoon. Je souris en le voyant content. Quelques minutes plus tard, mon frangin se pointa, je ne lui adressai pas le moindre regard et fixai l’écran de télévision. Je ne fis aucun commentaire pour le moment, continuant à me sustenter. Je finis par tourner légèrement les yeux vers Matt. « Ah ! Parce que ça t’intéresse maintenant ? » Sortis-je d’un ton peu ravi. Je soupirai avant de finalement tenter d’apaiser les tensions. « Si t’as pas remarqué, on m’a retiré le plâtre. » Indiquai-je n’étant pas sûr qu’il ait fait attention à ce détail. « J’ai pas le droit au sport pendant un mois encore et je dois repasser une radio de contrôle dans trois semaines. » Expliquai-je, me rappelant parfaitement de ce qu’avait préconisé la jolie Tiffany sous les directives d’une infirmière plus expérimentée. Je ne pus m’empêcher d’arborer un beau sourire en pensant à la rouquine. J’espérais avoir de ses nouvelles prochainement, aujourd’hui ça serait le top. Mais bien sûr, ça n’arrivera que si elle n’avait pas déjà jeté mon numéro à la poubelle et si elle décidait de m’accorder de l’intérêt. J’étais tellement perdu dans mes rêveries que j’en oubliais de terminer mon repas ainsi que mon interlocuteur qui était assis près de moi.