Première journée, première rencontre { Ethan

J’avais dû à contrecœur stopper ma grasse matinée en entendant mon réveil sonner. Heureusement d’ailleurs que je l’avais mis sinon, j’aurais très bien pu continuer à dormir comme un loir. Sauf que je ne pouvais guère faire ça étant donné que j’ai un rendez-vous à l’hôpital. En effet, c’est aujourd’hui qu’on va me retirer ce fichu plâtre que j’avais déjà dû garder pendant un mois. Ce qui m’avait paru une éternité tellement il m’avait empêché de vivre de la même manière que d’habitude. Heureusement, tout à l’heure, je serai soulagé de ne plus l’avoir. Enfin si l’infirmière jugeait que c’était bon évidemment.

Après une douche rapide, j’avais englouti en vitesse un petit déjeuner, histoire de tenir le coup d’ici à ce que je puisse manger plus tard dans la journée. Mon frère n’était pas à la maison, mais ça ne m’étonnait pas. En ce moment, il était peu présent. Je ne savais pas ce qu’il trafiquait au juste, mais je commençais à en avoir ras le bol de ses mystères. J’avais cette sensation désagréable qu’il me cachait des choses et me laissait de côté, ce que je n’apprécie pas bien entendu !

Comme Mattéo ne pouvait me conduire à l’hôpital, j’avais pris le bus pour m’y rendre. J’étais passé par l’accueil afin que tout soit en ordre puis j’avais filé directement dans le service radiologie. Sur place, on fit une radio de mon bras. On m’informa du fait que les résultats allaient être envoyés dans la foulée à la personne que je devais justement voir ensuite. Sans tarder, je marchai jusqu’à arriver à destination. Une fois que ce fut fait, on m'indiqua une petite pièce où je devais attendre l’infirmière qui allait s’occuper de moi. J’espérais qu’elle allait bientôt débarquer, car je ne suis pas vraiment du genre patient.

Quelques minutes plus tard, finalement, la porte s’ouvrit, ce qui me fit sourire. Au moins, l’attente n’avait pas été trop longue. Je vis en premier la dame qui m’avait déjà pris en charge la dernière fois. « Bonjour. » La saluai-je. « Ça va. » Répondis-je poliment avant de tourner la tête vers une jeune fille rousse qui devait avoir à peu près mon âge. Celle-ci était pourvue d’un très joli visage et d’un regard à tomber. Je la trouvais très mignonne, encore plus en remarquant qu’elle semblait comme intimidée. Je lui fis mon plus beau sourire, ne pouvant guère m’en empêcher. « Bonjour Tiffany, moi c’est Ethan. » Me présentai-je, ne me doutant pas que la femme près d’elle lui avait déjà parlé de moi et révélé mon prénom. Je reportai mon attention sur la plus âgée qui m’indiquait avoir bien reçu ma radiographie. « OK. Alors c’est bon ? On va pouvoir m’enlever le plâtre ? » Pourvu que la réponse soit positive, car je n’avais pas envie de le garder plus longtemps. Celui-ci me freinait dans tout ce que je voulais faire alors j’avais hâte de m’en débarrasser.

En venant à l’hôpital pour mon bras plâtré, je ne m’attendais absolument pas à y rencontrer une fille plus qu’agréable à regarder. En plus, ce que j’appréciais, c’était qu’elle soit assez naturelle – de ce que je pouvais voir, ce qui changeait grandement par rapport à la majorité des nanas qu’on pourrait qualifier de vrais pots de peinture ambulants. Bien que je ne connaisse pas encore Tiffany, je ne saurais dire pourquoi, mais j’imaginais qu’elle ne devait pas être superficielle. Ce qui serait top, car je commençais à en avoir marre des meufs de ce style. Toutes celles que j’avais pu fréquenter se ressemblaient trop au niveau du caractère, ce qui me lassait et m’énervait à la longue. J’avais sans doute besoin d’un renouveau, d’originalité dans mes relations. Qui sait ? Si je tapais dans l’œil de la rouquine, peut-être qu’on pourrait tenter quelque chose ensemble.

Et voilà mon esprit vagabondait déjà sans que je ne puisse le contrôler, mais je sortis de mes pensées en entendant résonner la douce voix de la belle demoiselle. « Enchanté également. » Répondis-je en gardant mon joli sourire. J’eus du mal à détourner mon regard de la plus jeune des femmes en face de moi, mais je le fis tout de même afin d'observer celle qui s’était occupée de moi la dernière fois. Bien qu’impatient de retrouver ma liberté de mouvement, je laissai les infirmières checker mon dossier et échanger entre elles. Je croisais les doigts pour qu’elles décident de me débarrasser de ce qui me gênait. Je fis un grand sourire, très satisfait de les entendre dire qu’on allait pouvoir m’ôter ce satané plâtre. « Génial ! » M’exclamai-je trop heureux d’apprendre cette nouvelle. Par contre, quelques instants plus tard je fis la moue, car Tiffany venait de me recommander quelque chose qui ne me convenait pas trop. « OK… Jusqu’à quand ? » Demandai-je dans le but d'en savoir plus et d’avoir une idée approximative de la date à laquelle je pourrai reprendre une activité sportive. « Merci. » Répondis-je à la plus âgée bien que je sois à moitié mécontent. « Au revoir ! » Ajoutai-je quand la dame quitta la pièce.

Une chose qui me ravissait actuellement, c’était le fait de me retrouver en tête à tête avec la rousse. Je me doutais qu’elle était moins expérimentée que sa collègue vu le commentaire qu’elle avait fait à cette dernière avant qu’elle s’en aille, mais ça ne me dérangeait pas. Après tout, si elle était dans le service, c’était selon moi parce qu’elle était tout à fait capable de gérer. Pourtant je remarquais très nettement que Tiffany semblait manquer d’assurance. J’avais également l’impression que je l’intimidais même si elle restait néanmoins professionnelle. « Pas besoin d'me rassurer, j’ai pas peur. » Dis-je en rigolant, amusé par ses propos. « Non, vous pouvez couper où vous voulez, ce ne sont que des délires de mes camarades de classe. » Inutile que je précise que certains dessins avaient été faits par des potes tandis que d’autres étaient les œuvres de mes ex-conquêtes ou tout simplement de filles qui aimeraient avoir une chance avec moi, mais qui ne me plaisaient pas assez pour que je franchisse le pas avec elles. « De toute façon, je compte pas garder ce plâtre. » Qu’en ferais-je ? Rien puisque je ne tenais pas à le conserver en guise de souvenir, surtout que ça ne me rappellera rien d’agréable. « J'peux te tutoyer ? » Demandai-je, car selon moi c'était idiot qu’on se vouvoie alors qu’on est dans la vingtaine tous les deux. Quand j’eus la permission de mon interlocutrice, je lui posai une autre question. « Il y a longtemps que tu bosses ici ? Parce qu’il ne me semble pas t’avoir déjà vue… » Je me retenais d’ajouter que je m’en souviendrais si ça avait été le cas. Je ne désirais pas passer pour un beauf en lui sortant une phrase de ce style bien que je le pense étant donné que je la trouve très mignonne et même carrément magnifique en fait.

Je n’eus aucun mal à prendre conscience de la timidité de la rouquine qui me faisait face. C’était loin de me déplaire, je trouvais même ça mignon en réalité. Je n’avais pas souvent affaire à des filles de ce genre. En effet, en règle générale j’étais abordée par celles qui ne manquaient pas de confiance, mais j’avais l’impression de tourner en rond à la longue avec elles. Malheureusement, à l’université, il y avait énormément d’étudiantes comme ça. J’étais donc ravi là de rencontrer cette jolie infirmière qui ne leur ressemblait pas. « Pfff, c’est long un mois. » Râlai-je, ne pouvant m’en empêcher. « Encore trois semaines minimum alors. » Je tentais de me faire une raison, même si j’aurais préféré que le délai soit davantage raccourci. Toutefois, n’ayant pas le choix, je devais me contenter de ceci. Qu’est-ce que j’avais hâte de pouvoir me remettre au sport ! Déjà parce que ça me permettait de me défouler, et c’était également un excellent moyen de garder la ligne ainsi que cette silhouette qui plaît tant à la gent féminine.

Contrairement à ce que pensait Tiffany, je n’étais pas effrayé par l’ustensile qu’elle tenait dans sa main. Je ne pus réprimer un rire après son commentaire. « Ah ? Il y a vraiment des gens qui flippent à cause de ça ? » Demandai-je, amusé. « Il m’en faut bien plus pour me faire peur. » Ajoutai-je en affichant un sourire en coin. Étant habitué aux jeux horrifiques ainsi qu’aux films du même type, il y avait plutôt intérêt à se lever de très bonne heure et avoir une sacrée dose d’imagination dans le domaine pour me fiche la trouille . Je regardais mon interlocutrice qui approchait délicatement son appareil de mon plâtre. « Ouais, je suis assez bien entouré. » Admis-je en pensant à mes amis et camarades de classe. C’est vrai que c’était sympa de leur part. Je rigolais de bon cœur suite à ce que venait de me dire la rousse. « Il s’y fera une place en or, j'suis sûr ! » Répondis-je, rentrant avec plaisir dans son jeu. « Une véritable œuvre d’art ! » Ajoutai-je pour plaisanter moi aussi, surtout si ça pouvait détendre mon interlocutrice par la même occasion. J’étais sans doute culotté d’avoir demandé à la tutoyer, mais je trouvais que c’était plus cool pour deux jeunes de notre âge. « Merci. » Soufflai-je en continuant à lui sourire, plutôt content qu’elle ait accepté. Puis désirant en savoir plus sur elle, je n’hésitai pas à l’interroger, car elle m’intriguait. « D’accord ! Je me disais bien aussi que ton visage ne me disait rien. » Si je l’avais croisée auparavant, nul doute que je m’en serais souvenu étant donné qu’elle est belle comme un cœur. Sans oublier que j’avais passé pas mal de temps à l’hosto suite à mon accident. « Ah oui ? Il est spécialisé dans quoi ton père ? » Demandai-je sans me douter le moins du monde que son paternel n’était autre que le directeur de l’hôpital et chirurgien de renom. « Et toi tu sais déjà vers quelle branche de médecine tu souhaites aller après ton internat ? » Puis, ce fut au tour de la miss de me questionner. Je hochai doucement la tête. « Oui. Je suis des études dans le but de devenir vétérinaire si je réussis comme il faut. » Indiquai-je, dévoilant mon rêve de carrière. « En parallèle pour me mettre un peu d’argent de côté et aider un peu mon frère, je bosse à mi-temps en tant que vendeur dans une boulangerie et il m’arrive aussi de promener les chiens du quartier contre une petite pièce. » Expliquai-je, fier de lui apprendre des choses me concernant.