Du chocolat pour guérir les bobos

Du chocolat pour guérir les bobos

 @Tiffany Field    

Cela fait quelques jours que je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Depuis ce fameux jour où je m’étais offert à Mattéo. Sur le moment, ça avait été merveilleux, mais la chute n’en fut que plus brutale lorsqu’il partit de chez moi en me sortant des choses horribles. Jamais je ne l’aurais cru capable d’avoir de tels propos à mon égard ni même envers quiconque en général. Alors souffrant encore trop à l’heure actuelle, je m’étais replié sur moi-même. Comme par le passé – quand j’avais découvert que ma copine de l’époque m’avait trompé avec celui qui était censé être mon meilleur ami – j’avais décidé de fermer mon cœur à double tour voire plus… C’était hors de question que quelqu’un ne me le brise de nouveau. Je préférais être seul que de subir ça à maintes reprises.

Étant totalement au fond du trou, je ne quittais mon appartement que pour aller bosser ou promener mon chien Black qui devait dégourdir les pattes et faire ses besoins. Mon pauvre doberman ne devait d’ailleurs pas comprendre pourquoi mon comportement différait de ce qu’il était habitué à voir. Enfin bref, j’étais donc sorti balader mon animal au parc non loin de chez moi. Au moins, ça nous faisait du bien de prendre l’air tous les deux, même si je ne parvenais toujours pas à enlever le jeune Cooper de ma tête. Probablement, parce que je n’arrivais pas à capter pourquoi il avait agi de cette manière. Sans doute que j’avais été trop naïf de croire qu’on aurait pu faire un bout de chemin ensemble. Pourtant qu’est-ce que j’aurais aimé qu’on ait une belle histoire ! *J'suis trop con !* Pensai-je en me frappant mentalement pour chasser tout ceci de mon esprit. Comment avais-je imaginé percevoir des signaux qui m’indiquaient l’exact opposé de ce que semblait vouloir réellement le brun ? La seule explication que j’avais trouvée c’était qu’il avait dû être curieux de savoir ce que je valais au lit et qu’une fois qu’il avait obtenu sa réponse – se débarrassant au passage de sa virginité – il m’avait jeté comme une vieille chaussette. Au début, je n’étais pas certain que Mattéo soit puceau, mais j’avais fini par m’en rendre compte. Décidément, je ne devais pas être fait pour les relations d’ordre sentimental.

Tandis que je rentrais tout juste du parc avec mon fidèle compagnon à quatre pattes, en sortant de l’ascenseur, je fus surpris en découvrant quelqu’un devant chez moi. La personne était de dos, mais grâce à sa couleur de cheveux, je n’eus aucun mal à deviner qu’il s’agissait de mon amie Tiffany. Celle-ci ne m’avait pas prévenu de sa visite, à moins qu’elle m’ait écrit, mais que je ne l’ai pas vu étant donné que je m’efforçais de ne pas garder mon nez rivé sur le téléphone. Car oui, les premiers jours j’avais espéré recevoir un message de Matt, mais ça ne s’était point produit. De ce fait, maintenant, j’essayais de ne pas rester focalisé sur ça. En quelques enjambées, je rejoignis mon invitée surprise. « Hey Tiff ! » Dis-je en me retrouvant derrière elle. Je ne savais pas si elle m’avait entendu arriver ou non, alors ne voulant pas lui faire peur, j’avais préféré annoncer ma présence en la saluant. Mon chien était déjà en train de frotter sa gueule contre les jambes de la rouquine. Une fois que je fus en face de la demoiselle, j’affichai un sourire – forcé – priant pour qu’elle ne remarque pas que je ne suis pas bien en ce moment. « Ça va ? Je m’attendais pas à ce que tu passes. » Fis-je tout en venant embrasser sa joue pour lui dire bonjour. « J’espère que tu n’es pas là depuis trop longtemps. J’étais parti faire un tour avec Black. » Expliquai-je tout en m’écartant et en cherchant après mes clés dans mes poches. Une fois mon trousseau trouvé, je le saisis puis m’avançai pour déverrouiller la porte de mon logement. Quand celle-ci fut ouverte, je détachai aussitôt mon ami canin afin qu’il soit plus libre de ses mouvements. Je fis signe à miss Field de venir à l'intérieur puis je la suivis et accrochai la laisse dans l’entrée avant de fermer derrière nous. J’enlevai ensuite mes chaussures pour me mettre à l’aise.

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Du chocolat pour guérir les bobos

 @Tiffany Field    

Même si mon cœur n’était pas à la fête, j’allais tâcher de faire bonne figure face à la jeune Field. Je ne savais pas ce qui l’avait poussée à me rendre visite à l’improviste, mais j’étais curieux de le savoir. En tout cas, mon compagnon à quatre pattes était content de la voir. Moi aussi dans le fond, mais j’aurais préféré que ce soit plus tard, pas en ce moment alors que j’étais complètement déprimé. Il fallait donc que j’enfile un masque afin de paraître comme elle avait l’habitude de me voir. « Ça va. » Répondis-je simplement, ne souhaitant pas l’informer de mon mal-être. Je m’étais déjà assez plaint comme ça l’autre jour à ma cousine, c’était donc inutile que je recommence aujourd’hui. Surtout que j’ai toujours eu une sainte horreur de me montrer faible devant ma famille ou mes amis.

Mon chien profitait allégrement des douces caresses que lui offraient la rouquine. Je souris en voyant l’air qu’il arborait pendant que moi j’écoutais Tiff qui m’expliquait être arrivée il y a peu. Au moins, elle n’avait pas eu à attendre trop longtemps devant la porte de mon logement, ce qui était tant mieux. « OK ça va alors. » Dis-je avant d’ajouter. « Apparemment ouais. » En temps normal ça me ferait rire, mais force est de constater que cette fois ce n’était pas le cas à cause de mon moral en berne.

Puisque nous n’allions pas rester tels de parfaits idiots dans le hall de l’immeuble, j’ouvris la porte de chez moi et fis entrer Black ainsi que Tiffany. Je pris soin de fermer la porte puis de me débarrasser de ce qui m’encombrait. Je ne pus faire autrement que d’arquer un sourcil aux propos de mon interlocutrice. Je soupçonnais Katherine de lui avoir raconté ce qui m’était arrivé il y a quelques jours. « Merci, mais les chocolats, c’est en quel honneur ? » Demandai-je, espérant qu’elle éclaire ma lanterne, car je ne la voyais pas m’apporter ces douceurs sans raison. Je poussai un soupir à la proposition de mon amie. D’ordinaire j’aurais accepté, mais là j’étais en pleine hésitation. Ces derniers temps il n’y avait plus rien qui me faisait envie. « Je sais pas trop, peut-être tout à l’heure si Black a encore besoin de sortir. » S’il n’était pas là, sans doute que je ne quitterai mon appartement que pour me rendre au travail. Heureusement qu’il y avait ce doberman dans ma vie, sinon je me laisserais sombrer davantage.

N'oubliant pas mes bonnes manières, j’attrapai la boîte de chocolats afin de libérer les mains de mon invitée surprise puis je partis directement dans la cuisine. « Tu veux une boisson chaude ? Ou plutôt quelque chose de froid ? Qu’est-ce qui te tente ? » Demandai-je en déposant son cadeau sur la table. « Assis-toi, je vais préparer nos boissons. » Pour ma part, vu mon manque d’énergie flagrant en ce moment, je comptais prendre un café pour accompagner les friandises sucrées. Il fallait que j’y goûte et que j’en mange au moins quelques-unes afin de donner le change face à mon amie. Du moins, si elle n’était pas au courant de ce que je traversais actuellement. Et puis même, ça paraîtrait bizarre que je ne déguste pas ce qu’elle m’avait apporté alors que j’ai toujours adoré grignoter, surtout le chocolat, mon petit pêché mignon depuis gamin.

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