C'est le destin (Dyxine ♥)

Cela faisait maintenant quelque temps que j’étais revenu vivre sur L.A. Ce n’était pas du tout de gaieté de cœur au départ. Pourtant je n’avais pas pu me résoudre à laisser ma grand-mère seule suite à la mort de l’époux de celle-ci. Ils n’avaient pas hésité à me recueillir en pleine nuit alors que j’étais parti de chez mes parents juste après la mort de ma sœur Mindy. Donc non je ne pouvais pas abandonner ma grand-mère à son triste sort. Je l’avais épaulée, soutenue quand l’enterrement avait eu lieu. Dorénavant je vivrais chez elle en compagnie du petit chien que mes grands-parents m’avaient offert quelque temps avant que je rentre à l’armée. Le petit Bouli allait bien même s’il commençait tout doucement à se faire vieux. Heureusement quand j’étais militaire, le petit carlin était resté chez mes grands-parents. Avec eux aucun doute qu’il avait dû être gâté le petit.

Ma grand-mère étant très faible, je l’avais laissée à la maison, même si elle est très butée. Pourtant elle avait insisté pour m’accompagner au supermarché afin de faire les courses avec moi mais j’avais bien vu qu’elle n’était pas en état. Alors afin de ne pas la froisser je lui avais dit qu’il fallait que quelqu’un reste auprès de mon chien. Ok c’était une excuse bidon mais ça avait fonctionné puisqu’avec le sourire aux lèvres elle avait accepté de rester chez elle et m’avait tendu sa liste de courses avant que je ne quitte la cour au volant de ma voiture.

Il y avait certes un magasin non loin de chez ma grand-mère mais n’aimant pas celui-ci j’étais allé dans un autre que je préférais. Celui-ci était un peu plus grand et en général je trouvais tout ce qu’elle voulait et ce qui pourrait m’intéresser moi aussi. Parce que oui vivant sous son toit désormais je partageais avec elle tous les frais. C’était juste normal pour moi, je n’avais pas envie de déprendre d’elle. Surtout que mon premier bouquin ayant assez bien marché, j’avais encore de quoi voir venir en attendant que je sorte enfin un autre livre. Alors que j’étais en train de chercher des friandises ainsi qu’un jouet pour mon chien, je sentis mon portable vibrer dans la poche de mon blouson. Je posais la liste de courses sur le siège bébé du caddie puis attrapais enfin mon téléphone. J’y jetais un œil et remarquais que j’avais un appel entrant de la part de Max. Chose qui me surprenait un peu puisque je n’avais plus eu de nouvelles depuis ce fameux soir où on avait failli coucher ensemble dans le salon de sa mère. Je mis un petit moment avant d’enfin décrocher. « Allô ? » Dis-je simplement, ne sachant pas trop comment réagir pour le moment. En même temps que je l’écoutais je continuais à regarder ce que je pourrais prendre à mon petit Bouli. « Je… Euh ouais ça va et toi ? » Je fronçais les sourcils en entendant du brouhaha derrière elle. « T’es où là ? Je t’entends mal. » J’attrapais deux boîtes différentes de biscuits pour chiens que je glissais dans le caddie. « Ah bon ? Je suis en train de faire les courses moi aussi. » Avouais-je alors que la brunette venait justement de me dire qu’elle était dans un magasin. Je me retournais après avoir cru l’entendre parler derrière moi. Visiblement je n’avais pas rêvé, la jeune Blackwood était bien là. J’arquais un sourcil tout en la regardant avec un air suspicieux. « Avoues tu m’avais repéré à l’autre bout du rayon et c’est là que t’as lancé l’appel !? » Ce serait tout à fait le genre de ma meilleure amie de faire ça, ça ne m’étonnerait absolument pas. Puisqu’elle était là devant moi, je mis fin à l’appel et rangeais mon portable dans ma poche avant de lui faire une petite accolade même si j’étais un peu gêné là contrairement aux autres fois. D’ailleurs je me raclais nerveusement la gorge en repensant à ce qui avait failli se passer la dernière fois qu’on s’était vus. « Tu voulais qu’on parle de quoi ? » Demandais-je en posant mes mains sur le caddie tout en jetant en même temps un œil à la liste de ma grand-mère. Quant à mes propres courses je n’avais pas besoin de les écrire, je savais parfaitement de quoi mon chien ou moi on pouvait avoir besoin. De plus je prenais quasi toujours les mêmes produits donc c’était facile. Je jetais de nouveau un oeil vers les jouets et attrapais une petite peluche molle qui je n'en doutais pas ferait plaisir à mon animal de compagnie.  

Faire les courses n’était pas ma grande passion néanmoins ça ne me dérangeait pas vraiment non plus. Même si dans l’idéal je préférerais occuper mon temps autrement qu’en déambulant dans les allées du magasin. Mais voilà il faut bien qu’on se nourrisse, ma grand-mère, mon chien et moi. Et puis en plus de ça c’était plus mon rôle d’aller faire le ravitaillement puisque ma grand-mère est très âgée et n’a plus vraiment la force de se déplacer. Et pourtant si vous lui demandez elle ne voudra jamais le reconnaître. Trop fière pour ça mais aussi parce qu’elle ne veut pas admettre que oui malheureusement elle n’est plus toute jeune et qu’elle doit se préserver.

J’étais donc depuis quelques minutes dans le magasin où je faisais nos petites emplettes. Passant plus de temps dans certains rayons que d’autres afin d’être sûr de choisir les bons produits. Que ce soit au niveau du prix ou encore de la qualité. Sans compter les exigences aussi de ma chère grand-mère adorée. Encore que ça va je n’ai pas trop à me plaindre, elle n’est pas tellement embêtante du moment que je lui ramène bien une boîte de petits pois carottes et non pas des haricots verts à la place par exemple.

Tandis que j’arpentais le rayon des animaux à la recherche de petites choses pour faire plaisir à mon chien, mon portable me signala un appel. J’avoue j’avais hésité un petit peu avant de répondre en voyant le nom de Maxine puisque je ne savais plus comment agir désormais avec elle. D’ailleurs ça m’avait un peu surpris qu’elle m’appelle alors que ça faisait plusieurs jours qu’on ne s’était pas parlé suite à cette soirée qu’on avait passée ensemble. Malgré tout je ne pouvais pas purement et simplement ignorer son appel puisqu’en temps normal je ne le ferais pas et qu’en prime même si j’ai beaucoup de sentiments pour elle depuis toujours, elle est avant tout ma meilleure amie et le restera quoi qu’il arrive. La preuve même après plusieurs années sans contact entre nous - puisque j’étais parti à l’armée et que jamais je n’avais reçu de réponse aux lettres que je lui avais envoyées à cause de sa mère qui interceptait le courrier à la place de Max - on avait fini par se retrouver depuis quelque temps et notre complicité était vite revenue. Enfin bref après une ou deux minutes passées au téléphone, je m’étais rendu compte qu’en fait mon amie était là non loin de moi. Bien sûr je suspectais la brunette de m’avoir joué un petit tour en me téléphonant mais bon c’était marrant quand même. Cependant la réponse de Miss Blackwood me laissa un peu con je dois bien l’admettre. Du coup j’avais un peu grimacé en cherchant ce que j’allais lui dire. Sauf que voilà en fait je ne trouvais rien à répondre. Tout simplement parce que ce qui me venait à l’esprit lui mettrait forcément la puce à l’oreille. Je ne tenais pas vraiment à ce que ce soit le cas car je craignais de me manger un bon gros vent.

N’ayant plus besoin de mon téléphone pour le moment je le rangeais donc avant de venir serrer mon interlocutrice dans mes bras. J’essayais d’agir comme je l’aurais fait en temps normal mais voilà je ressentais tout de même une certaine gêne. Étant intrigué j’avais quand même demandé à mon amie de quoi elle voulait qu’on discute puisque j’imaginais bien qu’elle souhaitait qu’on se parle. Si ça n’avait pas été le cas elle ne m’aurait probablement pas appelé. De plus elle aurait très bien pu m’éviter. Au final même si j’avais esquivé tout à l’heure le sujet, voilà qu’on allait avoir une conversation tout aussi gênante. Après avoir pris un jouet pour Bouli, je regardais Max d’un air fuyant puisque je n’étais pas très à l’aise. « Pourquoi tu serais désolée ? Ça peut arriver à n’importe qui d’être un peu éméché… » Même si je dois bien avouer que oui la chute avait été brutale lorsque la petite brune avait coupé court à ce qui se passait après qu’on ait fait tomber un truc par terre et que ça ait réveillé sa mère. « T’en fais pas j’ai bien compris que tu ne tenais pas à ce qu’il se passe quelque chose avec moi. » Bon ok j’aurais sans doute dû me taire pour le coup mais je n’avais pas réussi à me retenir de lui sortir ça puisque j’avais vraiment été blessé de m’être fait recaler comme un malpropre alors que pourtant on aurait pu passer une merveilleuse nuit tous les deux. Sans doute que les sentiments que je gardais bien enfouis depuis l’enfance ne m’aidaient pas à rester maître de moi-même. En même temps comment ça pourrait être le cas alors que j’avais enfin pu goûter à ses lèvres et que ça m’avait fait tourner la tête. Donc oui forcément mon amour pour la jeune Blackwood était vite remonté à la surface.

Je soupirais en me disant que ça allait être compliqué désormais de faire comme si de rien n’était après tout ça. Je repris le contrôle de mon caddie tout en regardant ma liste alors que je me rendais déjà dans le rayon d’à côté. Peut-être qu’inconsciemment je cherchais un peu à fuir cette discussion alors que j’en avais sans doute déjà trop dit tout à l’heure même si je n’avais pas été très loquace en fait, mais sans doute assez pour que la brunette comprenne que j'étais tourmenté. Je savais que de toute manière ma meilleure amie ne me laisserait pas le loisir de m’échapper et me collerait au train jusqu’à ce qu’elle ait elle-même décidé que c’est terminé. J’attrapais différentes sortes de sauces et de pâtes puisqu’avec ma grand-mère on aime varier les plaisirs.

Je voyais bien au regard et a l’air renfrogné de mon amie que j’avais dit une connerie, sans doute parce que j’avais l’impression de perdre la tête depuis qu’on s’était retrouvés et que mes sentiments pour elle étaient revenus à vitesse grand V. Je me mis ensuite à soupirer lorsqu’elle m’expliqua. Pour le coup, j’avoue que moi-même, j’aurais dû refuser lorsque Max m’avait proposé de boire un peu de champagne avec elle. D’ailleurs pourquoi je n’avais pas réfléchi à tout ça sur le moment ? Pourtant d’ordinaire, c’est moi le plus posé de nous deux. Eh ben, il faut croire que je n’avais pas été assez vif d’esprit. J’aurais sûrement dû la freiner, mais voilà comme un idiot, je n’avais rien fait. Je me retins de grimacer à nouveau en y repensant. « Désolé… » C’est tout ce que j’avais trouvé et réussi à dire, puisque je craignais d’être maladroit et de sortir quelque chose qui pourrait être mal perçu alors que ce n’était pas ce que je voulais. C’est juste qu’elle a tellement l’air d’aller mieux, que j’avais légèrement zappé le fait qu’elle pourrait redevenir dépendante à l’alcool ou pire encore à la drogue. Il n’y a pas à dire, je suis quand même fier du chemin qu’elle a parcouru.

Sans le vouloir je m’étais peut-être montré un peu sec à l’égard de la brunette, mais je n’y pouvais rien, c’était plus fort que moi là. J’ai encore les images de l’autre soir bien en tête, et ce que venait de me dire la jeune Blackwood me laissait penser qu’elle regrettait ce qui s’était passé et donc qu’elle ne m’envisageait pas autrement que comme un ami. Puis il faut croire que le fait de n’avoir toujours été que son ami ne me convient plus. Peut-être que si on n’avait pas commencé à déraper, je le vivrais un peu mieux, enfin je ne sais pas, je ne suis plus sûr de rien à vrai dire. Tout ce que je sais, c’est que j’ai toujours souffert de cet amour non réciproque et qu’il est sans doute temps que ça change. Seulement comment ça pourrait être le cas ? Je me faisais probablement du mal pour rien. Ne voyant pas ce qu’il y avait de plus à dire, j’avais poussé mon chariot pour me rendre dans le rayon d’à-côté où je continuais à faire mes petites emplettes. Par contre comme je l’aurais parié, Max n’allait pas me lâcher, néanmoins je ne cherchais pas à comprendre et continuais donc à scruter ma liste de courses, histoire de ne rien oublier sinon ma grand-mère râlera. Je pinçais mes lèvres entre elles lorsque je sentis une main se poser sur mon bras. Bien sûr, c’était la petite brune qui voulait qu’on continue notre discussion, qui d’autre ça aurait pu être ? Je levais donc le nez de ma petite feuille pour la regarder. « C’est bien ça le problème Max, on n’a pas les mêmes attentes et on n’est pas sur la même longueur d’onde. » À une époque je me serais satisfait d’être son meilleur ami, mais j’avais grandi, évolué, et mon caractère s’était affirmé. Alors bien ou pas ? Ça je n’en savais rien, mais au moins désormais je savais ce que je voulais et surtout ce que je ne souhaitais plus. « Et puis avec le recul que j’ai maintenant, je sais que… » Je me stoppais et soupirais, ne sachant pas comment j’allais formuler ça ni même si j’allais y arriver en fait. « Je me suis refait tout le film de notre… » Je mimais l’ouverture de guillemets. « relation… » Puis je refermais ces mêmes guillemets. « et je me suis rendu compte que pas une seule fois durant toutes ces années tu ne m’as vu comme moi je t’ai toujours perçue. » Bon OK je ne suis pas forcément très clair, mais ça a toujours été délicat pour moi de faire part de mes sentiments, encore plus avec la principale intéressée. Par contre, je fis l’impasse sur le fait qu’elle ne puisse plus vivre sans moi depuis qu’on était de nouveau en contact.

Par la suite, je fus un peu étonné, mais aussi gêné quand Maxine se mit à hausser le ton en même temps qu’elle me reparlait de cette fameuse soirée. Si j’avais pu me cacher dans un trou de souris, croyez-moi que j’y serais allé tête la première. D’ailleurs, je n’osais même pas tourner la tête pour regarder autour de nous puisque je craignais de voir la façon dont les autres personnes devaient nous fixer, comme si elles étaient au spectacle. « Parle encore plus fort, je suis pas sûr qu’on t’ait entendue à l’autre bout du magasin. » Dis-je sur un ton un peu irrité, avant d’inspirer et d’expirer un grand coup tout en haussant les épaules. « Je sais pas si c’est normal comme tu dis. Tout ce que je sais, c’est qu’on aurait peut-être dû s’abstenir, parce que… » Bon sang ce que j’ai un mal de chien à lui sortir ce que j’ai sur le cœur, si bien que je me mis à soupirer, mais il fallait sans doute que ça sorte pour mieux repartir par la suite, que ce soit avec ou sans elle. « Parce que… » Je fermais un instant les yeux, essayant de rassembler mon courage. « Parce que ça a rouvert de vieilles cicatrices. » J’avais beau tenter de toutes mes forces, pour l’instant, je n’arrivais pas à lui dire clairement le fond de ma pensée, ni même à lui parler de cet amour que je ressens pour elle depuis très longtemps. À croire qu’en sa présence je redeviens Dylan le gamin, celui qui a zéro confiance en lui et qui n’est pas fichu de lui avouer qu’il est amoureux d’elle et qu’elle lui plaît.

ㄨ  @Maxine Blackwood    

Comment ne pas être désolé alors que l’autre soir je m’étais trop laissé aller au point de zapper le passif compliqué de Maxine ? Non, je ne pouvais pas faire comme si tout allait bien alors que j’avais failli à ma mission de meilleur ami. C’était à croire que mon amour pour Max était en train de tout simplement me faire perdre la raison. Encore pire que quand on était ados, la preuve, jamais avant je n’aurais laissé passer ça. À l’époque, j’aurais râlé de voir la brune s’alcooliser, alors que là ça m’avait paru limite normal. Oui, j’étais en train de me flageller tout seul mentalement. Comme d’habitude quoi puisque j’ai toujours eu cette tendance depuis la mort de ma sœur. « J’ai merdé Max… » Dis-je simplement lorsque mon amie d’enfance me demanda d’arrêter d’être désolé. Ce n’était pas son coup de poing ou son soupir qui allaient me faire changer d’avis. Je me sentais vraiment nul et pitoyable quoi qu’elle puisse en dire.

Il faut croire que j’avais gardé trop longtemps pour moi – enfin presque, puisque mon ami Asher était au courant – tout ce que je ressens pour la petite brune ici présente. Alors aujourd’hui, même si j’avais un peu de mal à lâcher ce que j’avais sur le cœur et que je parlais comme par énigmes, eh bien ça sortait. Peut-être que ça allait me libérer d’un poids ? J’observais miss Blackwood d’un air quelque peu blasé. « Pour toi ouais… » Fut tout ce que j’avais réussi à lui répondre quand elle me dit que notre relation n’était qu’amicale à l’époque. À ses yeux oui, c’était sûrement ça, mais pas aux miens. Après quelques instants, enfin Maxine comprit ce que je m’étais toujours évertué à lui cacher, par peur du rejet. Je ne saurais même pas évaluer la réaction de la jeune femme, tant elle semble impassible au niveau de sa gestuelle. Quand elle supposa qu’étant plus jeune j’en pinçais pour elle – sans toutefois le formuler ainsi, j’hochais la tête pour lui faire comprendre que oui c’était le cas. Juste après j’avais haussé les épaules. « Même si tu ne l’avais pas été, je suis pas franchement certain que ça aurait changé quelque chose… » Probablement pas puisque je n’étais pas prêt à ce moment-là à lui avouer mon amour. À moins que les périodes où j’avais éprouvé de la jalousie auraient pu réussir à lui ouvrir les yeux, mais de toute façon on n’en saura jamais rien puisqu’on ne pouvait pas revenir dans le passé.  

Cette discussion pour le moment ne m’aidait pas à me sentir mieux. Encore moins parce que j’avais cette impression que tout le monde nous écoutait et nous observait, même si j’évitais soigneusement de croiser leurs regards. Je me mis à rire nerveusement quand Max me balança qu’elle s’en fichait des autres. Je la reconnais bien là, je dois bien l’avouer. C’est vrai qu’on a toujours eu une différence au niveau de nos caractères respectifs. Malgré ça, on s’était toujours assez bien entendus tous les deux – malgré les brouilles qu'il y avait pu avoir de temps à autre, comme si on se complétait en fait. Avec un peu de mal, j’avais fini par dire à mon interlocutrice que ce qui avait commencé à se passer l’autre soir avait fait remonter des choses désagréables en moi. En fait, on pourrait croire que je regrettais ce moment qu’on avait partagé. Dans un sens, oui, c’était le cas puisque j'avais eu mal au coeur en partant de chez elle, mais je ne me rendais pas vraiment compte que ça pouvait au passage vexer ou blesser mon amie tant j’étais parfois maladroit dans mes paroles, encore plus quand je ne me sentais pas à l’aise comme c’était le cas actuellement. Sûrement parce que je ne m’attendais pas à avoir ce genre de discussion déjà et encore moins dans un endroit tel que celui-ci. Mais voilà, en observant attentivement Maxine et en l’écoutant aussi, je remarquais qu’elle n’était pas bien et même si j’avais peur de souffrir encore, je ne pouvais pas la laisser comme ça. Notamment parce que ses paroles avaient réussi à me toucher. Je mis un certain temps à réagir, mais je lâchais mon chariot et attrapais l’une de ses mains pour l’obliger à rester avec moi. Sans doute pour apaiser la brunette – et moi par la même occasion – je caressais doucement sa main avec mon pouce. « Excuse-moi si j’ai pu te paraître un peu brut… mais je ne veux pas que tu t’en veuilles. OK ? » Dis-je en soutenant son regard, lui montrant ainsi que j’étais on ne peut plus sérieux. « Quant à ce que tu me décris là, je connais ça assez bien… » En effet, c’était ce que je ressentais à l’époque et même encore ces derniers temps. Alors non, je n’ai pas envie de m’emballer, pourtant, mon cœur lui était en train de faire tout l’inverse. Sans crier gare, j’attirais la brune à moi et l’encerclais tendrement dans mes bras en même temps, comme pour signer un traité de paix avec elle puisque je ne voulais pas qu’on se fâche, même si on était aussi paumés l’un que l’autre.

Juste avant de mettre fin à notre étreinte, je déposais un tendre baiser sur la joue de la brune, non loin de sa bouche. Je n’osais pas franchir la limite, même si mon cœur me criait de le faire. Mais voilà, le problème chez moi c’est que mon cerveau a toujours pris le dessus sur tout le reste, me freinant pour beaucoup de choses, notamment sentimentalement parlant. Histoire de détendre un peu l’atmosphère, je mis un petit coup d’épaule à la jeune femme. « On reprendra notre discussion plus tard si tu veux, mais en attendant on peut faire les courses ensemble, il n’y a pas de souci. » Assurais-je en souriant à mon amie. « Puis ça serait dommage qu’on se mette à dos ta mère et ma grand-mère parce qu’on n’aurait pas fini nos achats. » J’inspirais un grand coup et lâchais enfin la jeune Blackwood pour jeter un œil à ma liste. Heureusement, je n’avais plus énormément de choses à trouver. Je n’en aurais donc plus pour très longtemps à faire le ravitaillement.

ㄨ  @Maxine Blackwood    

Je voyais bien que mon amie essayait de m’apaiser afin que je ne me descende pas tout seul, pourtant je me sentais vraiment mal d’avoir pu zapper une chose aussi importante que son ancienne addiction à la drogue et à l’alcool. Alors non, je ne pouvais pas m’empêcher d’être désolé malheureusement. « Tu comprends pas Max. J’me sens coupable d’avoir… » Je mimai l’ouverture des guillemets. « Oublié… » Cette fois, je fermai les guillemets. « L’espace de quelques minutes que tu étais retombée dans quelque chose pour lequel tu as bataillé afin de t’en sortir. Ça n’aurait pas dû arriver. Tu sais que j’ai toujours eu à cœur de veiller sur toi. » Oh que oui ! Elle n’avait pas pu zapper, sûrement que non vu qu’à l’époque elle m’avait bien fait comprendre que je ne savais pas m’amuser.

Visiblement, le fait de comprendre qu’il y a longtemps que je craquais pour elle eut l’air de choquer ma petite brune préférée. Pour ma part, je ne savais pas encore si c’était une bonne chose ou non qu’elle en soit consciente maintenant. Néanmoins au fond de moi, j’étais un peu fier d’arriver encore à la surprendre, même si je gardai ça pour moi ne voulant pas fanfaronner. Puis Maxine me demanda pourquoi je ne lui avais rien dit, aussitôt j’haussai des épaules. « Je sais pas. Parce que j’avais peur de te perdre, que tu me rejettes. Ce qui est arrivé en fin de compte… Et puis tu traînais avec Jon’, t’avais l’air proche de lui et de ce que j’ai compris vous avez eu une aventure ensemble. » Dis-je en soupirant alors que plein de souvenirs désagréables me revenaient en tête. « J’étais pas prêt à t’avouer mes sentiments à ce moment-là. » Ce qui était vrai de toute façon, je n’aurais absolument pas supporté qu’on s’éloigne sous prétexte qu’elle ne ressentait pas la même chose que moi. « Ensuite, dès que je suis arrivé à l’armée je t’ai envoyé une première lettre où là je t’ai ouvert mon cœur, j’te disais tout ce que j’avais sur le cœur justement, mais bon comme tu me l’as dit, t’as jamais reçu mon courrier… » Dans un sens, c’était peut-être mieux comme ça, parce que si elle l’avait eu dans les mains et n’avait pas pris la peine de me répondre, je l’aurais mal vécu, encore plus si en me revoyant l’autre jour elle avait fait semblant de rien. « Peut-être oui, mais je crois pas. Tu me trouvais chiant quand on était au lycée ! » Dis-je en riant doucement, bien qu’étant plus jeune ça ne me plaisait pas qu’elle pense ça de moi, ça me blessait même.  

Ne voulant pas voir la jeune Blackwood mal à cause de moi, je me laissai aller à me montrer tendre envers elle et tant pis si les autres clients du supermarché nous regardaient. Je voulais juste que ma meilleure amie se sente bien et qu’elle ne se prenne pas la tête. Oui, j’avais souffert par le passé et encore il y a peu, mais ce n’était pas de sa faute si je suis amoureux d’elle et que ça m’avait affecté quand on n’était pas sur la même longueur d’onde. En tout cas, là, je savourais pleinement ce câlin et ne pouvais que sourire tendrement en sentant ses douces caresses dans mon dos. Seulement, toutes les bonnes choses ont une fin à ce qu’il paraît, alors je me défis de cette étreinte tout en faisant preuve d’un peu d’humour histoire d’apaiser les choses entre nous, même si je pense qu’on avait réussi à détendre l’atmosphère et à faire redescendre la pression. Doucement, je secouai la tête en regardant Max. « Non, il ne me reste que quelques bricoles à prendre. Il ne nous fallait pas grand-chose aujourd’hui. Et toi ? » Demandai-je lui retournant sa question. Puis la voir rire me fit aussitôt sourire puisque j’aime trop quand elle est comme ça. À ce qu’elle me dit, je ne pus m’empêcher de rigoler aussi. « Oh mamie est gentille et adorable ! Tu la connais… C’est simplement qu’elle sait ce qu’elle veut ou ne veut pas. » Il n’avait pas à se plaindre de sa grand-mère qui l’avait tout de même recueilli sans hésiter cette fameuse nuit où sa grande sœur s’était donné la mort et où il avait fugué de chez ses parents. « Eh bien, moi, c’est ta mère que j’ai toujours crainte. Elle m’a jamais aimé, alors que pourtant sans me vanter j’ai toujours été un type bien ! » Je me retins d’ailleurs de grimacer en songeant à ça, puis je retournai derrière mon caddie que je poussai tranquillement. « Allez, viens ! Plus vite on aura fini, plus vite on pourra se poser je ne sais où pour continuer notre discussion au calme. » Dis-je en lui souriant et en la regardant avec bienveillance.

Nous fîmes donc nos commissions ensemble, tout en parlant de tout et de rien comme le feraient de vieux amis. Ensuite, nous étions retournés chacun à nos voitures respectives pour ranger tout ça. J’en avais également profité pour appeler ma grand-mère et la prévenir que j’avais bien fait les courses, mais que je rentrerais plus tard que prévu. Évidemment il avait fallu que je lui explique pourquoi, même si je n’étais pas non plus rentré dans les détails. Elle savait juste que j’allais passer du temps avec Maxine. Puis j’attendis que la brunette me rejoigne en restant près de mon véhicule. « Tu veux qu’on aille se boire un café ou une boisson fraîche en terrasse du Starbucks là ? Ou sinon on peut aller se poser là-bas sur l’herbe ? » Proposai-je en désignant du regard un endroit que j’avais repéré en bordure du parking. Tout m’allait du moment qu’on pouvait finir cette discussion commencée tout à l’heure. D’ailleurs, même si j’étais encore un peu incertain de ce qui allait se passer pour la suite, j’eus tout de même l’impression qu’un léger poids était parti de mes épaules quand Max avait fini par comprendre ce que je lui avais caché si longtemps.

ㄨ  @Maxine Blackwood    

C’est tout moi ça de m’en vouloir et de me flageller pour tout et rien. Encore pire dès lors qu’il s’agit de Maxine. C’était déjà le cas par le passé, eh bien, il faut croire que c’est toujours d’actualité maintenant. Je ne sus pas trop comment réagir au « je t’aime » de mon amie, d’un côté je souris, mais de l’autre je ne voulais pas m’emballer puisque je préférais me protéger et préserver mon pauvre petit cœur déjà bien trop meurtri. Je regardai quand même la brune et hochai doucement la tête lorsqu’elle me fit comprendre qu’elle ne voulait pas que je me prenne la tête tout seul. « D’accord, comme tu veux, mais tu sais que tu ne m’empêcheras jamais de m’en faire pour toi et de vouloir te protéger ? » Ça, c’était clair et net que ça ne changerait pas de sitôt vu que j’avais toujours agi comme ça envers elle. Lorsque Max parla du fait qu’elle ne boirait pas d’alcool avant un bon bout de temps, je grimaçai un peu. Tout comme je commençais à ressentir de la jalousie quand elle évoqua Dimitri, son parrain. Bien sûr, elle m’avait déjà parlé de lui, mais c’était plus fort que moi, je n’y pouvais rien. Cependant comme toujours je cachais les émotions qui pouvaient m’envahir. « Je serai là pour te rappeler de ne pas y toucher. » Dis-je en lui faisant un clin d’œil accompagné d’un petit sourire. Normalement, elle ne devrait pas réussir à lire en moi comme dans un livre ouvert. En même temps, j’avais un bon paquet d’années de pratique puisque jamais avant aujourd’hui elle n’avait capté le fait que j’en pinçais pour elle.

Repenser à nos années lycée et à la mauvaise période qu’y avait passé mon amie me fit mal au cœur. Surtout quand je me remémorai le fait qu’elle était proche de Jon. Ce type je ne l’ai jamais senti et ça ne s’est pas arrangé avec le temps. J’observai Max et arquai un sourcil. « C’est pas ce qu’il chantait sur tous les toits… » Dis-je lorsque la petite brune me jura qu’elle n’avait jamais couché avec lui. « En plus, je vous ai surpris une fois très proches dans ta cabane. Alors je sais pas ce que vous avez fait ou non, mais ce dont je me rappelle c’est que sur le coup ça m’a fait mal. » Et pas qu’un peu d’ailleurs, mais à l’époque seul Asher était au courant de mes sentiments pour la jeune Blackwood. Heureusement qu’il avait été là pour moi, parce que sans lui probablement que j’aurais été plus bas que terre. Déjà que ce n’était pas la joie pour moi suite au suicide de ma grande sœur, alors j’aurais pu vite tomber dans la dépression si je n’avais pas pu compter sur mon meilleur ami. Je grimaçai un peu en continuant à écouter son amie d’enfance. « Pour Asher, il faudrait que tu voies ça avec lui… mais il savait ce que je ressentais pour toi. Il me voyait de plus en plus malheureux à chaque fois qu’on se prenait la tête. Et comme il était plus proche de moi, même si je lui ai jamais demandé, je pense qu’il a fini par développer un instinct de protection envers moi. Après il n’appréciait pas des masses son cousin, donc peut-être que le fait que tu traînes avec lui n’a pas aidé non plus… » Enfin, c’était mon point de vue, mais bien sûr je ne pouvais pas parler à la place de mon ami. C’était bien pour ça d’ailleurs que je venais de lui conseiller d’en parler directement avec lui.

Après le lycée, je m’étais engagé dans l’armée afin de mettre de la distance entre nous deux, même si techniquement la distance était déjà bien en place avant que je ne quitte la ville. Mais fait contradictoire, dès que j’étais arrivé là-bas, je n’avais pas pu m’empêcher de lui écrire une lettre dans laquelle je lui dévoilais mes sentiments. Puis, il y avait eu d’autres lettres où je lui racontais ce qui me passait par la tête, mais toutes étaient restées sans réponse. À l’époque, je pensais bêtement qu’elle m’ignorait, mais apparemment ce n’était pas le cas de ce que je comprenais maintenant. Lorsque la brune voulut savoir si j’avais reçu les siennes, je secouai la tête vivement. Je plantai ensuite mon regard dans le sien. « Comment tu as pu deviner que si j’étais parti faire le service militaire c’était par ta faute ? » Oui, c’était le cas, j’étais rentré dans l’armée pour ne plus souffrir de la situation entre nous, mais comment avait-elle pu y songer ? Savoir qu’elle avait pensé à moi de cette manière me fit chaud au cœur, si seulement je l’avais su à ce moment-là… Peut-être que j’aurais fait machine arrière et ne serais pas resté cinq ans là-dedans alors que ça ne me plaisait pas du tout. C’était d’ailleurs pour ça que je m’étais reconverti ensuite en tant qu’écrivain.

Lorsque miss Blackwood m’assura que j’étais le meilleur étant plus jeune, mais qu’effectivement elle ne m’aurait pas cru, mon rire se mêla au sien. Maintenant, j’en riais, mais huit ans en arrière ce n’était pas du tout la même chanson. « Mieux vaut tard que jamais ! » Répliquai-je d’un air amusé avant qu’on ne se fasse un petit câlin tout mignon en guise de réconciliations. Chose qu’on n’était même pas foutus de faire lorsqu’on était ados. Non, à ce moment-là on campait chacun sur nos positions sans en démordre. C’est là que je me dis qu’on était sacrément bêtes quand même ! Après cette petite parenthèse, nous redescendîmes sur Terre et songeâmes à continuer nos petites emplettes. Apparemment, j’avais un peu plus d’achats à faire que Max. « Ah oui, effectivement il ne te fallait pas grand-chose ! » Dis-je en riant avant qu’on n’en vienne à parler de ma grand-mère. Je secouai la tête lorsque mon acolyte supposa que je n’avais jamais parlé à ma mamie de ses anciennes fréquentations. « Pourquoi l’aurais-je fait ? Ça ne la regarde pas ! » Maxine n’avait pas tort, si jamais elle venait à le découvrir, elle me rabattrait les oreilles afin que je ne voie plus ma brunette préférée, mais ça n’arriverait pas puisque petit un je garderai ce secret et que petit deux, je suis bien assez grand pour savoir qui j’ai le droit de voir et ce que je veux faire. « Elle n’en saura rien Max et je ne suis pas influençable, tu devrais le savoir… » Pour sûr, si je l’avais été, j’aurais fait le con autant qu’elle à l’époque et je ne lui aurais pas tenu tête comme c’était le cas. Après ma grand-mère, ce fut la mère de mon interlocutrice qui arriva sur le tapis. Cette bonne femme avait toujours été impressionnante à mes yeux, si bien que je préférais l’éviter lorsque j’étais plus jeune. Mais ça, sa fille le savait déjà. En continuant à faire les courses, j’écoutai ce que cette dernière avait à me dire concernant sa chère maman. « OK, ben t’as bien raison. J’me demande pourquoi elle m’a toujours détesté à ce point… » Oh bien sûr, j’avais ma petite idée. Je me doutais parfaitement du fait que mes parents avaient dû bien lui monter le bourrichon, tout ça pour cacher les belles saloperies de mon père. J’étais tellement en train de penser à ça, que je n’avais même pas relevé que ma meilleure amie me parlait encore une fois de son parrain. Puis j’avais proposé qu’on en termine en vitesse avec les commissions étant donné que j’avais vraiment envie qu’on puisse continuer à se parler calmement. Pour moi, on n’avait pas encore fini de mettre cartes sur table. Au moins, la miss approuvait mon idée, même si elle me fit rire avec sa répartie. « Oh pardon, Mademoiselle Blackwood ! On va vite rattraper ça alors. » Fis-je en me hâtant donc de prendre ce qui était encore noté sur la petite liste.

Une fois, tous les achats effectués, Max et moi sortîmes du magasin. Tout en rangeant les courses dans mon coffre, j’avais téléphoné à ma grand-mère afin qu’elle ne s’inquiète pas de me voir rentrer plus tard. Parce que oui, c’est ce qui serait arrivé si je ne l’avais pas avertie. Alors, autant éviter qu’elle ne m’appelle au mauvais moment. En voyant mon amie me rejoindre, je ne pus m’empêcher de sourire comme un idiot. Aussitôt, je proposai qu’on aille se prendre un truc au Starbucks, puis je lui indiquai aussi qu’on pourrait sinon se poser dans l’herbe. Max parut d’accord et mixa même mes deux idées, ce qui me fit un peu rire. Ce fut encore pire après son coup de coude. « OK, faisons ça alors miss Blackwood. » Approuvai-je tout en l’invitant d’un signe de main à me suivre. Nous n’eûmes pas à marcher beaucoup avant d’arriver dans la célèbre chaîne de cafés. « Merci de m’inviter au fait. » Dis-je en entrant dans l’enseigne Starbucks. Je levai aussitôt le nez pour voir les différentes boissons qu’on y proposait. Finalement, j’allais prendre comme d’habitude puisque rien d’autre ne me tentait. « Je fais pas dans l’originalité, mais ça sera un frappuccino caramel. » Indiquai-je afin que Maxine sache quoi commander pour moi. On avait sûrement de la chance puisque c’était déjà notre tour. Je laissai donc la brunette gérer puisque c’était elle qui régalait.

ㄨ  @Maxine Blackwood    

Par le passé, je pense que Max me trouvait trop protecteur à son égard et que ça l’agaçait. À son sourire et sa façon de me regarder, j’imaginai que ça ne la dérangeait plus vraiment désormais. Chose qui se confirma lorsque la brunette ouvrit la bouche. À ses paroles, je ne pus m’empêcher de sourire et même de lâcher un petit rire. « J’te remercie, mais ce n’est pas la peine d’en arriver à une telle extrémité. » En effet, je n’avais pas envie que mon amie se retrouve en prison tout ça parce qu’elle aurait assassiné quelqu’un uniquement pour mes beaux yeux.

Si ma meilleure amie avait besoin de mon soutien, alors j’étais prêt à lui fournir toute l’aide qu’il lui faudrait afin de vaincre ses démons. Surtout que je me sentais un peu coupable d’avoir bu du champagne avec elle l’autre soir. Je m’étais tellement laissé emporter par l’euphorie de nos retrouvailles que j’avais complètement oublié son passif avec l’alcool. Quel crétin je pouvais être parfois. J’esquissai un petit sourire à ce que venait de me dire miss Blackwood, mais ne répondis rien pour autant.

Reparler de Jon n’était sans doute pas un bon plan comme ça me rappelait combien j’avais souffert étant plus jeune de le voir se rapprocher de Maxine alors que j’étais fou amoureux d’elle. Ces mauvais souvenirs remontaient à la surface ainsi que les émotions qui y étaient liées, même si je ne le montrais pas vraiment. Néanmoins, j’avouai tout de même à la petite brune que j’avais bien morflé sur le moment. Autant que je lui dise puisque maintenant elle était au courant du fait que j’avais des sentiments pour elle. Lorsqu'elle s'excusa, ça me mit un peu de baume au cœur. « Tu as des doutes concernant ce qui aurait pu se passer ou non ? » Demandai-je. En vrai, j’aurais besoin qu’elle me rassure, qu’elle me certifie vraiment n’avoir rien fait avec Jonathan, mais j’imaginai qu’elle avait peut-être des trous de mémoire à cause des drogues qu’elle avait prises ou de tout l’alcool qu’elle avait sifflé durant cette sombre période de sa vie. J’hochai doucement la tête lorsqu’elle mentionna son papa. Je savais pertinemment que sa perte lui avait fait beaucoup de mal, à tel point qu’elle avait totalement déraillé après son décès. « C’est vrai que ton père avait construit cette cabane pour toi, enfin pour nous. » Après tout à l’époque j’étais assez souvent fourré chez eux et puis Monsieur Blackwood m’appréciait contrairement à sa femme. Cette dernière m’avait encore moins supporté suite à la mort de ma sœur. Allez savoir ce que mes parents avaient bien pu lui raconter…

Même si j’avais été mal pendant très longtemps à cause de mon amour pour elle, je n’en voulais absolument pas à mon amie d’enfance. Elle avait eu ses problèmes de son côté qu’elle n'avait certes pas bien gérés, mais avait fait comme elle le pouvait. Quant à moi, j’en avais eu aussi. Probablement pour ça qu’étant plus jeunes on avait peiné à se synchroniser et qu’on s’était éloignés. Encore une fois, Maxine s’excusa, d’un côté ça me faisait plaisir qu’elle le fasse, mais de l’autre je n’aimais pas qu’elle se rabaisse. « C’est pas ta faute. On avait chacun nos soucis et tu as essayé de surmonter les tiens comme tu le pouvais. » On n’était pas assez âgés à ce moment-là pour avoir à affronter des choses pareilles malheureusement. « C’est sûr qu’Asher est un excellent ami. » Dis-je en souriant. Pas pour rien que c’était mon meilleur ami depuis l’adolescence. Il n’avait peut-être pas connu d’immenses galères comme Max et moi, mais il répondait toujours présent en cas de coup dur.

Je n’étais qu’à moitié étonné d’apprendre qu’en réalité Madame Blackwood avait intercepté tous nos courriers et ne nous les ait jamais transmis. Cette femme ne m’avait jamais vraiment porté dans son cœur… Il n’empêche que je trouvais ça très monstrueux de sa part. Prendre le risque de faire souffrir sa propre fille tout ça parce qu’elle ne m’aimait pas, c’était fort de café tout de même. Par contre, je fus surpris que mon amie ait deviné la raison qui m’avait poussé à m’engager dans l’armée. Je grimaçai quand elle mentionna la dernière fois où on s’était parlé avant mon départ. Ce soir-là, ça avait été la goutte de trop qui avait fait déborder le vase. Je ne pus retenir un rire nerveux lorsque Maxine me dit que sa chère maman l’avait prévenue de mon engagement. Évidemment ça elle s’était empressée de lui raconter, sûrement trop heureuse que je quitte la ville. Je laissai la brunette finir de parler puis pris à mon tour la parole. « Ta mère a dû jubiler de mon départ. » Commençai-je par dire. « Eh bien, c’est vrai que je ne supportais plus le fait qu’on n’arrivait plus à se comprendre tous les deux et cet éloignement qui se faisait plus important de jour en jour. Et quand tu m’as tourné le dos ce soir-là en refusant l’aide que je voulais t’apporter, j’ai su que quelque chose s’était brisé aussi bien en moi qu’entre nous. Dès le lendemain, je me suis renseigné et la suite tu la connais. J’ai attendu d’avoir mon diplôme puis j’ai tout plaqué. » Et pourtant ça avait fait mal au cœur de mes grands-parents qui ne souhaitaient pas me voir partir ni que je me mette en danger, mais je ne les avais pas écoutés.

Je fus quelque peu étonné que mon amie n’ait pas grand-chose à acheter, mais je compris mieux lorsqu’elle m’expliqua. « Ah d’accord, c’est pour ça ! » Fis-je en souriant. « Tu n’es donc pas habituée à avoir un animal ? » Demandai-je par curiosité. Pour ma part, j’avais toujours le petit chien que mes grands-parents m’avaient offert quand j’étais plus jeune, même si le pauvre commençait à se faire vieux. Maxine pensait à tort que j’aurais pu vouloir vider mon sac auprès de ma grand-mère. « Nan, mon seul confident c’était Asher. » Ce qui était encore le cas à l’heure actuelle vu que mes amis je les comptais sur les doigts d’une seule main. Je souris tendrement aux propos de la brunette. « Tu n’as pas à t’en faire pour ça, elle n’en saura jamais rien. » Ce n’était pas moi qui irais raconter à mamie ce qui s’était produit par le passé. D’abord parce que je suis quelqu’un d’assez secret et qu’ensuite je ne voulais pas qu’elle ait une mauvaise image en tête de la jeune Blackwood puisque moi je savais ce qu’elle valait vraiment. Ce n’étaient pas ses erreurs passées qui allaient changer mon point de vue. Quant à celui que la mère de mon amie d’enfance pouvait avoir sur moi, ça m’embêtait un peu, mais je ne pouvais rien faire si elle s’était laissée influencer par ma mère et mon père. « Je ne suis peut-être pas un homme de Dieu, mais je ne suis pas quelqu’un de mauvais pour autant… » Enfin bon, qu’elle pense ce qu’elle veut après tout, ça ne changerait rien à ma vie, sauf si elle venait encore à interférer entre Max et moi.

Après les commissions, avec Max on s’était rendus directement au Starbucks pour qu’on puisse se prendre une petite boisson pour ensuite aller discuter dehors afin de profiter du beau temps. Je souris à mon interlocutrice qui m’expliquait que c’était normal qu’elle m’invite. « C’est gentil, mais je t’assure tu n’as pas à te racheter… » Voulus-je lui faire comprendre. « Et puis je n’allais pas te laisser comme ça. » En effet, ça n’aurait pas été moi si je ne l’avais pas aidée quand elle s’était coupée. Apparemment, la petite brune n’était pas étonnée de mon choix de consommation. En même temps, c’est vrai que je prenais à chaque fois la même chose lorsqu'on venait ici. Parce que oui, c’était toujours en compagnie de Maxine que je m’y rendais. Seul ça ne m’intéressait pas. Je ris pour toute réponse quand miss Blackwood me dit qu’elle aurait dû s’en douter. « Bonjour. » Fis-je en arrivant devant l’employée puis je gardai le silence pendant que mon acolyte passait commande. Je souris ensuite à ce qu’elle m’indiqua. « J’te comprends, je ne viens jamais non plus sans toi… » Avouai-je sans aucune honte. « Merci. » Dis-je en attrapant le gobelet que me tendait mon amie d’enfance. Puis nous sortîmes donc nous installer dans l’herbe comme c’était prévu.

Heureusement, la pelouse n’était pas mouillée, donc nous pûmes nous asseoir dessus sans problème. Je fis attention de ne pas renverser mon frappuccino en me posant. Je mis ma boisson près de moi, sur ma gauche. « Donne ton latte, j’vais le tenir. » Proposai-je à ma meilleure amie afin qu’elle puisse me rejoindre sans souci. Je patientai donc le temps qu’elle me passe sa consommation, je l’attrapai et la gardai dans mes mains. Une fois que Maxine fut bien installée, je lui rendis son bien. « On en était où déjà tout à l’heure ? » Demandai-je en faisant allusion à la conversation qu’on n’avait pas terminée dans le magasin. En attendant que Max me rafraîchisse les idées, je saisis mon gobelet que je portai à mes lèvres après avoir retiré le capuchon puisque je préférais boire ainsi qu’avec une paille en carton.

ㄨ  @Maxine Blackwood    

Après avoir un peu rigolé, je ne pouvais que sourire tendrement de constater que ma meilleure amie souhaitait me protéger. Ce que je trouvais fort mignon de sa part, même si j’étais tout à fait capable de prendre soin de moi tout seul. « Qui me menacerait de mort franchement ? » À part mon défunt père qui aurait pu me tuer à force de me frapper quand j’étais enfant, mais présentement je n’ai pas vraiment d’ennemi ou alors c’est que je ne suis pas au courant. De nouveau, mon rire se mit à résonner. « Moi aussi, tu devrais le savoir. » Répondis-je en lui faisant un petit clin d’œil. En effet, ayant fait l’armée, ce serait étrange si je n’avais pas eu des entraînements pour m’apprendre à me battre. « Mais j’te remercie Max. » Rajoutai-je en gardant mon joli petit sourire, vraiment flatté que la brune se soucie de moi de cette façon.

Les années avaient beau s’être écoulées, je ne portais toujours pas dans mon cœur le cousin de mon meilleur ami. Bien que ce dernier ne supportait pas Jon’, donc ça me confortait dans l’idée que je n’avais pas tort de ne pas apprécier ce type. Mais je n’étais peut-être pas très objectif puisqu’à l’époque du lycée j’avais détesté avoir cette impression qu’il me volait Maxine. Déjà parce qu'elle était mon amie de longue date, mais aussi car que je l’aimais tout simplement même si sur le moment elle ne se doutait de rien. À ce qu’elle me dit, je sentis une boule se former dans ma gorge, mais comme d’habitude je gardais un visage impassible afin de ne pas montrer ma sensibilité. Heureusement, je m’étais endurci à l’armée, parce qu'étant plus jeune j’aurais très bien pu tourner les talons pour aller pleurer dans un coin si je m’étais retrouvé face à la situation actuelle. « OK. Merci quand même. » Ça pouvait paraître froid dit comme ça, mais je ne voulais pas faire un commentaire plus long puisque je ne souhaitais pas prendre le risque que la jolie Blackwood remarque quoi que ce soit. Je n’étais pas rassuré pour deux sous, mais tant pis, j’allais donc vivre en gardant en tête que Jonathan avait peut-être posé ses mains sur la brunette et bien plus encore. Sauf qu’il fallait que j’enlève ça tout de suite de mon esprit, étant donné que sinon ça allait me rendre triste ou en colère. En observant bien la jeune femme face à moi, je n’eus aucun mal à déceler le fait qu’elle en avait gros sur la patate, alors tendrement je vins caresser son bras pour la consoler. « Pourquoi pas oui, ça serait avec plaisir. » Répondis-je en lui faisant un petit sourire. J’espérais seulement ne pas trop être pris par l’émotion si jamais on mentionnait des moments de notre passé qui me rappelleraient des choses tristes ou peu agréables.

La vie ne s’était pas montrée douce envers nous deux lorsqu’on était ados, mais peut-être que pour nous le meilleur restait à venir ? Il fallait croiser les doigts pour que ce soit ça. À la réplique de mon amie, je ne pus faire autrement que de rire. « On était encore très jeunes à ce moment-là Max, donc forcément ce n’était pas simple. » Oui, c’était ainsi que je voyais les choses de mon côté. Je ne savais pas si ça allait permettre à ma meilleure amie de s’apaiser, mais ça serait bien puisque je ne désirais pas qu’elle soit mal. « Il ne t’en a jamais voulu, tu sais. Certes, il n’était pas ravi pour certains trucs, mais c’était en partie de ma faute. Il voyait que je n’étais pas bien et n’appréciait pas que je sois dans cet état. Enfin bref. Si tu veux, je peux lui demander, mais je ne pense pas que ça sera un souci. » Indiquai-je en souriant. Après tout, Asher est un garçon bien et loin d’être bête. Certes, il a son petit caractère, comme tout le monde, mais je ne crois pas qu’il refusera de voir Maxine. Encore moins, si c’est moi qui lui en parle.

C’était évident que la mère de Maxine avait été heureuse de mon départ, ça ne me surprenait pas du tout puisque j’avais bien conscience du fait qu’elle ne m’appréciait pas. Je fis un petit sourire triste quand mon interlocutrice m’indiqua qu’elle n’avait pas bien vécu mon engagement dans l’armée. J’aurais aimé savoir ça bien plus tôt, même si je ne suis pas certain que ça m’aurait fait revenir plus rapidement pour autant vu que j’étais trop blessé à l’époque. Une fois de plus, je fus touché d’apprendre que la jolie brune aurait mal vécu les choses s’il m’était arrivé quelque chose durant mes cinq ans de service militaire. J’étais aussi heureux qu’elle me présente ses excuses. « Merci Max. » Fis-je tout d’abord avant d’enchainer. « Ne t’en fais pas. J’ai bien sûr connu des petites blessures, mais rien de méchant. » N’étant pas très sportif auparavant, forcément j’avais eu des claquages, des conneries de ce genre au début, mais après ça s’était mieux passé.

J’eus un sourire amusé en découvrant que le fait d’avoir un animal était tout nouveau pour la jeune femme. Puis, j’appris comment ça s’était passé pour elle durant mon absence. Je ne pus me retenir de lâcher un petit rire en l’écoutant. « Les pauvres plantes ! » Fis-je en riant encore un peu. « D’accord. Et ça va ? Il se porte bien le chat ? » Demandai-je d’un air taquin. À la question de Max, j’hochai la tête avant de prendre la parole. « Oui, j’en ai toujours. Il est très occupé par son boulot. On ne se voit donc pas autant qu’auparavant, mais on garde le contact. » Heureusement d’ailleurs, parce que sans lui, je me serais vraiment senti seul à un moment donné. Je rassurai mon amie concernant ma grand-mère. Elle n’avait pas à se soucier d’elle puisqu’elle ne lui poserait aucun problème. Ce fut ensuite au tour de la jolie Blackwood d’essayer de me tranquilliser. Un beau sourire se dessina sur mon visage à ce qu’elle me dit. « Merci, Max. Ça me touche beaucoup. » Avouai-je, car ça me faisait trop plaisir qu’elle me voie ainsi. J’étais assez d’accord sur ce qu’elle m’indiqua après au sujet de sa mère. « C’est pas cool de sa part, mais je sais très bien qu’elle ne changera pas d’avis sur moi. Par contre, c’est pas sympa non plus qu’elle te traite de la sorte. » Répondis-je en grimaçant quelque peu, n’appréciant pas que ma meilleure amie ne soit pas mieux traitée que ça.

Alors qu’on patientait au Starbucks, j’eus un sourire de débile quand la brunette embrassa ma joue avec tendresse. C’était plus fort que moi, j’aimais beaucoup trop ses petits gestes d’affection qui m’allaient droit au cœur. Apparemment, mon interlocutrice était surprise d’apprendre que je ne venais pas sans elle ici, avant de lui répondre j’haussai des épaules. « Ouais, je sais bien, mais tout seul ça n’aurait pas la même saveur pour moi… » De plus, aussi délicieux que ce soit, il faut bien avouer que ce n’est pas donné. Occasionnellement OK, mais il ne faudrait pas que ça devienne une habitude trop fréquente.

Une fois que nous fûmes installés sur l’herbe, Max me rafraîchit la mémoire, sur ce dont nous devions parler. « Ah ! Oui, c’est vrai… » Fis-je en essayant de me rappeler ce que je souhaitais aborder et que je n’avais pas encore fait tout à l’heure. J’inspirai un grand coup avant de me lancer, même si je n’étais pas sûr de ce que je devais dire. « J’ai toujours eu un faible pour toi Max, qui s’est accentué fortement au fil des ans. Je ne t’en ai jamais fait part parce que j’avais l’impression que tu ne me verrais pas autrement qu’en tant qu’ami. J’avais pas assez confiance en moi aussi pour te déclarer mes sentiments. Je craignais également de te perdre tout court si tu ne ressentais pas la même chose que moi. Sans compter qu’on était tous les deux en deuil et fragilisés. » Si jeunes, on avait déjà pourtant tant traversé au moment du collège et du lycée. Alors non, je n’avais pas eu le courage de lui dévoiler ma flamme. « Je ne sais pas comment tu vois les choses désormais, mais je ne veux pas que tu cherches à me préserver si c’est pas réciproque. » En effet, bien que ça me ferait plaisir d’entendre les trois petits mots magiques, s’ils n’étaient pas vraiment ressentis et sincères, ça serait pire que tout pour moi. « Eh bien, j’y suis resté pendant cinq ans. Là-bas, j’ai appris plein de choses comme le fait de me blinder, à me défendre au cas où je viendrais à me faire attaquer. J’ai fait du terrain, disons que je participais aux missions avec les autres, sauf que moi je bossais essentiellement sur les hélicos que je devais contrôler et réparer afin qu’ils soient bien fonctionnels. En gros, je n’étais pas au front. Désolé je sais pas si je suis très clair… » Je ne savais pas quoi lui raconter de plus en fait, mais si elle avait d’autres questions j’étais prêt à y répondre en tout cas.  

ㄨ  @Maxine Blackwood    

En y réfléchissant un peu plus, notamment grâce à ce que venait de me dire la brunette en face de moi, n’importe qui pourrait s’attaquer à moi, que ce soit un fanatique ou un désaxé. J’offris un tendre sourire à mon amie, content qu’elle se soucie de mon bien-être, et plus particulièrement de ma sécurité. En tout cas, j’étais véritablement touché que Maxine m’indique qu’elle serait toujours là pour m’aider. « Merci Max. » Répondis-je simplement sans perdre mon sourire. Puis je me mis à rire aux propos de miss Blackwood qui racontait n’importe quoi comme bien souvent, c’est là que j’haussai des épaules. « Après c’est ton droit… » Dis-je en cachant le fait que ça me ferait de la peine si on venait à ne plus être en contact comme ça avait été le cas durant plusieurs années. Je secouai la tête d’un air amusé lorsque la jolie brune me fit le salut militaire.

Par contre, la bonne humeur s’estompa quelque peu lorsqu’on vint à parler du cousin de notre ami Asher. Je ne pouvais pas voir en peinture Jon’, c’était physique. De plus, rancunier comme je l’ai toujours été, je ne changerai probablement jamais d’avis concernant ce mec. J’eus un léger mouvement d’épaule quand ma meilleure amie finit par me dire qu’elle était désolée. J’aurais aimé qu’elle me rassure, mais je préférais tout de même qu’elle ne me mente pas. Puis, mon interlocutrice eut l’idée qu’on retourne dans la cabane de notre enfance afin de se remémorer diverses choses tout en prévoyant de quoi boire et manger. En continuant à caresser son bras, j’approuvai d’un signe de tête. « Oui si tu veux, comme on faisait à l’époque quoi. » C’est vrai que ce n’était pas rare qu’on aille goûter là-bas ou simplement dévorer des bonbecs en s’amusant. Ça allait sans doute me faire bizarre d’y remettre les pieds. Surtout après l’avoir vue dedans une fois avec Jonathan, mais il fallait que j’essaie de ne plus penser à cet abruti. Parce qu’il était hors de question que je me fasse du mal mentalement à cause de lui alors que je voulais juste profiter en compagnie de mon amie de longue date.

À cette heure-ci, je ne sais pas du tout quelle vie j’aurais si mon aînée ne s’était pas suicidée. Peut-être que je serais moins torturé ou alors je ne serais plus vivant par la faute de notre paternel… Nul ne pouvait le savoir. Mais une chose est sûre, j’aurais aimé que Mindy soit encore de ce monde pour partager plein de trucs avec elle. Ça aurait été également super que le père de Max ne trouve pas la mort, ça aurait sans doute évité que sa fille ne dérape durant l’adolescence. « Je vais me répéter, mais t’as géré comme tu le sentais sur le moment. Alors certes ce n’était pas la bonne solution, mais tu as fini par t’en rendre compte et évoluer, ce qui est déjà très bien, car d’autres à ta place auraient continué de sombrer. » Je l’admirais parce qu’elle avait trouvé la force de s’en sortir, même si ça lui avait pris du temps et que ce n’était pas grâce à moi puisqu’elle avait eu le déclic après mon départ. Pourtant j’avais souhaité l’aider, mais elle n’avait rien voulu entendre malheureusement. « OK. J’en discuterai avec lui et j’te promets d’te tenir au courant. » Répondis-je en lui souriant, convaincu que mister Evans ne serait pas contre le fait de la revoir. Le connaissant, ça lui fera probablement plaisir d’apprendre que Maxine et moi avons repris contact et réussi à aplanir les choses entre nous.

Il n’y avait absolument aucune raison que la brunette s’inquiète pour moi, car, contrairement à ce qu’elle avait pu imaginer, je n’avais pas eu de grosses blessures à l’armée. Je lui fis un petit sourire, content d’être parvenu à la tranquilliser. « Ne t’en fais pas… » Dis-je doucement pour mettre un terme à cette petite parenthèse dans notre conversation. Je ne gardais pas un excellent souvenir de cette période de ma vie, mais ce n’était pas bien grave puisque le service militaire m’avait appris pas mal de choses.

Ça me faisait du bien actuellement de rigoler avec la jeune Blackwood. J’avais comme l’impression de retrouver cette alchimie qu’on avait avant le décès de son cher papa. Et bon Dieu que c’était bon ! Au moins, ça me rassurait sur le fait qu’on n’avait peut-être pas perdu notre complicité d’autrefois. Je souris tendrement lorsque la brunette me parla du chat de sa mère. Ensuite, un léger rire sortit de ma bouche. « Pourquoi voudrais-tu qu’il nous dérange ? Il n’est quand même pas du genre agressif ? » Du moins, c’était ce que j’espérais, parce qu’à ce qu’il paraît certains félins domestiques pouvaient carrément attaquer les inconnus qui auraient le malheur d’entrer chez eux. Puis, je ris à cause de Max, qui râlait déjà à propos d’Ash. « En même temps, c’est son gagne-pain donc on peut pas trop lui en vouloir… » Le défendis-je. « Mais t’inquiètes pas, on trouvera bien un moment pour s’organiser quelque chose tous les trois. » Rajoutai-je en souriant. Il y avait intérêt que ça se fasse, car sinon je serais dégoûté. Rien à l’heure actuelle ne pourrait me faire plus plaisir que la façon dont me voyait la jolie brune à mes côtés. Tout ça parce que pendant longtemps j’avais imaginé qu’elle ne m’estimait pas à ma juste valeur, mais à présent j’étais rassuré, même si je me faisais désormais la réflexion qu’elle me mettait peut-être trop sur un piédestal. Je ne pus m’empêcher de rire à cause de la manière dont Maxine parlait de sa chère maman. « Si elle t’entendait ! » Fis-je d’un air amusé.

Mon si beau sourire ne voulait plus quitter ma bouille, encore moins alors que là mon amie caressait mon bras tandis qu’on attendait gentiment nos consommations. Mon cœur rata un battement à cause du fait que la brune m’ait avoué me trouver mignon. « C’est juste la vérité. » Indiquai-je en essayant de ne pas montrer qu’elle me perturbait, même si ce n’était pas simple. Puis, une fois qu’on fut seuls, à l’écart et posés tranquillement pour profiter du soleil, je fis part de mes sentiments à celle pour qui ils étaient destinés depuis fort longtemps. Ce n’était pas aisé pour moi de me dévoiler de la sorte, mais d’un autre côté, il était grand temps que tout soit dit. Un sourire triste s’afficha sur mon visage. Bien sûr, j’étais parfaitement au courant que mon amie souffrait de la perte de son père à l’époque, mais ça me faisait encore mal au cœur de repenser à cette période compliquée qu’elle avait dû traverser. Moi-même j’avais dû faire le deuil de ma grande sœur quelques années plus tôt, avant que Max y soit confrontée aussi, donc je savais à quel point c’était dur. Mon sourire devint plus joyeux lorsque j’appris qu'étant plus jeunes, apparemment miss Blackwood voulait juste que je sois auprès d’elle. J’avais essayé d’être le plus possible présent pour elle, jusqu’à ce que moi-même je n’en puisse plus à la longue parce qu’on ne parvenait plus à se comprendre, ne gérant pas de manière similaire notre mal-être. Tendrement, je passai mon bras libre autour d’elle pour venir caresser avec douceur son épaule tout en continuant à l’écouter, ne tenant pas à l’interrompre. Touché par ses propos, je déposai un baiser sur sa joue. Lorsqu'elle eut fini, je pris la parole à mon tour. « J’avais bien conscience que tu allais mal Max… J’étais le mieux placé pour m’en rendre compte, toi-même, tu sais. » Il était inutile que je précise, étant donné qu’elle devinerait sûrement que je faisais allusion à ma frangine. « Tu sais, ça a été horrible pour moi de te voir t’éloigner… J’avais la sensation qu’on n’avait plus du tout la même vision du monde, qu’on ne partageait plus rien. J’ai aussi ressenti dans ton regard que j’étais devenu inintéressant, voire que tu me détestais même si je ne voyais pas ce que j’avais pu faire. » En expliquant cela, ma sensibilité d’antan remonta à la surface. J’avais les larmes aux yeux, mais heureusement celles-ci restèrent bien à leur place. Après une légère pause, j’enchaînai sans la lâcher du regard. « T’es sûre de toi ? Tu souhaites vraiment que toi et moi on… on sorte ensemble ? » Oui, j’avais besoin de m’assurer que c’était bien ce qu’elle avait voulu dire. « Pour moi aussi, ça a été une soirée délicieuse. » Avouai-je d’un air quelque peu timide. Je ne saurais dire pour quelle(s) raison(s), mais la petite brune avait toujours eu le don de m’intimider, comme c’était encore le cas présentement. « Eh bien, pas de souci. Ça sera avec plaisir. » Dis-je en souriant. En effet, j’aimerais beaucoup qu’on se refasse des sorties au ciné ou ailleurs du moment qu’on sera tous les deux. Je bus une gorgée de mon frappuccino avant de répondre à la question de la jeune fille. « C’était pas fait pour moi, ça ne me plaisait pas. Alors à la fin de mon contrat, j’ai décidé de changer de voie. Comme tu le sais, j’ai toujours adoré bouquiner, ça m’a permis de m’évader à de nombreuses reprises quand j’en avais besoin. Donc c’est tout naturellement que ma passion m’a rattrapé, sauf qu’en plus de lire, j’ai eu envie de tenter l’aventure, en passant de l’autre côté. » J’avais dû me battre et lutter contre mon manque de confiance en moi pour parvenir à me lancer et à boucler mon premier roman, mais ça avait valu le coup puisque celui-ci avait bien marché et que désormais je pouvais vivre en ayant un boulot que j’aime.

ㄨ  @Maxine Blackwood    

Je ne pouvais qu’avoir le sourire aux lèvres suite au doux baiser que mon amie déposa sur ma joue. En effet, j’adore lorsqu’elle se montre tendre envers moi, ça me fait toujours un effet fou. Ce ne fut guère mieux à cause de ce qu’elle me dit juste après, car ça me faisait trop plaisir. C’en était au point où mon cœur s’emballait. C’est bien simple, si je m’écoutais, je l’embrasserais, mais je ne pouvais pas faire ça maintenant en plein milieu du magasin. Il fallait donc que je me retienne. À la place, je pris sa main que je serrai dans la mienne. « Je pense que maintenant tu sais que c’est réciproque… » Commençai-je par dire avec cette pudeur que j’ai toujours eue. « Et je n’en ai pas envie moi non plus. » Avouai-je sincèrement. En effet, j’avais bien trop souffert de notre éloignement qui avait duré pas mal d’années, alors non je ne souhaitais pas revivre cet enfer.

J’appréhendais un peu le fait de retourner dans la cabane de Max. Je craignais une fois sur place d’être assailli d’images peu agréables. Je croisais donc les doigts pour que ce ne soit pas le cas, car je n’aimerais pas que ça arrive et que ça gâche tout. Redevenir les enfants qu’on était ? Je ne saurais dire si c’était une bonne idée à cause de tout le mal que je vivais déjà à l’époque… Certes avec Maxine ça allait, mais le plus dur c’était le climat familial. En repensant à ce qu’on avait subi ma sœur et moi, je sentis les larmes arriver dans mes yeux, mais je me retenais de pleurer. À jamais, je me sentirai coupable de n’avoir pas réagi, de ne pas avoir su protéger Mindy qui avait enduré beaucoup plus de choses que moi. Chaque jour mon aînée me manquait depuis qu’elle s’était suicidée l’année de mes treize ans. Toutefois, je ne lui en voulais pas, car j’avais lu sa lettre d’adieu qui restera pour toujours gravée dans ma mémoire. De ce fait, je savais qu’elle avait fait de son mieux, mais que n’en pouvant plus, elle avait préféré s’envoler. Trop perdu dans mes sombres pensées, je ne répondis pas à mon amie.

Tant bien que mal, je reconnectai avec la réalité, me concentrant sur la brunette présente à mes côtés. Je grimaçai lorsqu’elle me fit savoir qu’elle se sentait mal même quand elle prenait de la drogue ou buvait de l’alcool. Ceci dit ça ne m’étonnait pas tellement. Sur le moment, ça pouvait peut-être la soulager un peu, mais ce n’étaient que des artifices de courte durée. « Je l’espère pour toi. » Dis-je en lui offrant un petit sourire. « Je serai là pour te soutenir. Enfin si tu acceptes mon aide. » Ajoutai-je en me rappelant très bien qu’à l’époque elle n’avait point accepté la main que je lui tendais. Chose qui m’avait grandement blessé sur le coup, car je désirais vraiment l’épauler. Pour toute réponse au remerciement de miss Blackwood, je souris. Nul doute que j’allais discuter avec notre ami commun afin qu’on puisse tous les trois se retrouver comme auparavant.

Je fronçai les sourcils au moment où la jolie brune me dit que le chat pourrait nous interrompre comme l’autre jour. Au bout de quelques instants, je crus comprendre à quoi elle faisait allusion. « Attends ! Tu veux dire que le vase pété c’était sa faute ? Putain, je croyais que c’était à cause de nous qu’il avait explosé. » Si Maxine venait à me répondre par l’affirmative, alors c’est que je m’étais complètement trompé. Mais bon de toute façon, ça ne changeait rien à la façon dont ça s’était fini ce soir-là. Puis, nous nous mîmes à discuter d’Asher et j’arquai un sourcil. « C’est quoi cette histoire ? » Demandai-je, ne voyant pas du tout de quoi elle parlait. Je hochai simplement la tête, tout de même content à l’idée qu’on envisage de passer du temps ensemble, comme par le passé. C’était marrant le hasard de la vie qui nous avait ramenés tous les deux à L.A. alors qu’on avait pourtant quitté la ville depuis un certain temps. Ensuite, je ne pus faire autrement que de rire quand mon amie d’enfance suggéra de ne rien dire à sa mère. De toute façon, ce n’était pas moi qui irais adresser la parole à sa chère maman.

Maintenant qu’on était à l’écart du reste du monde, tout en discutant avec l’élue de mon cœur, je lui donnais un peu de tendresse. Comme tout à l’heure, je fus envahi par l’émotion. Bien que ma sœur soit morte depuis plus de dix ans, je demeurais sensible dès qu’on l’évoquait. Elle aurait tellement mérité d’avoir une belle vie et puis je suis certain qu’on serait encore proches elle et moi au point que je lui aurais confié mes joies et mes peines. Je ravalai difficilement ma salive et ne pus ouvrir la bouche pour répondre à Max. Il m’était donc impossible de la rassurer. Surtout qu’effectivement j’étais déjà mal dans ma peau après le décès de Mindy, alors oui j’avais souffert quand mon amie m’avait fait sentir que j’étais un moins que rien. Mes yeux encore une fois se remplirent de larmes rien que de repenser à toute cette période de l’adolescence qui avait été horrible pour moi. Mais ne tenant pas à flancher, voulant être fort comme on me l’avait enseigné, je fis tout mon possible pour ne pas craquer. Gardant le silence, je posai ma tête sur l’épaule de mon interlocutrice. Je ne lui tenais pas rigueur du comportement qu’elle avait eu à l’époque. Je le comprenais même mieux désormais suite à ses explications.

Histoire de reprendre une certaine contenance, j’inspirai un grand coup tout en me décollant de l’épaule de Maxine. Comme on commençait à aborder un sujet sérieux, j’attendis une confirmation de la miss qui ne tarda pas à arriver et me fit grandement sourire, complètement heureux qu’elle songe à ce qu’on franchisse un cap ensemble. Bien que silencieux, je pris sa main libre dans la mienne et la caressai avec mon pouce. De toute façon, il n’y avait sans doute pas besoin de mots puisque la brunette devait voir sur mon visage que j’étais ravi de la décision qu’elle venait de prendre nous concernant. « Oui, on se fera ça. J’ai déjà hâte. » Avouai-je, impatient à l’idée qu’on s’organise une autre virée au cinéma. Tout en buvant tranquillement la boisson que j’avais commandée, je répondis aux interrogations de la jeune femme. Je lâchai un rire quand elle m’indiqua ne pas avoir lu le roman que j’avais sorti. « C’est pas une obligation, tu sais. Tu le feras si t’en as envie, sinon c’est pas grave. » Après tout, je n’allais pas la forcer si ça ne la tentait pas. Je souris tendrement à ce qu’elle me dit peu après, entièrement d’accord. « C’est vrai, même si techniquement je suis revenu en ville pour l’enterrement de mon grand-père et parce que je ne me sentais pas de laisser ma grand-mère vivre seule à son âge avancé… » Surtout que je sais qu’elle ne voudra jamais aller finir sa vie dans une maison de vieux comme elle le dirait si bien. De plus, elle ne pouvait compter sur ma mère pour l’aider étant donné qu’elles ne se parlent plus depuis le suicide de ma frangine.

Tandis que j’étais perdu dans mes pensées, ne m’y attendant absolument pas, je fus saisi quand la petite brune m’embrassa, mais tout en souriant je répondis au baiser qu’elle était en train de m’offrir. Je posai mon gobelet un peu plus haut pour être libre de mes mouvements. Mes deux mains à présent libres, j’en mis une sur la joue de Max, quant à l’autre, elle se plaça dans son dos afin de rapprocher ma partenaire de moi. Bien trop heureux, je sentais mon cœur cogner fort dans ma poitrine. Je ne sais pas si un jour je parviendrai à m’y faire, mais pour le moment ça se passait ainsi. J’étais tellement bien que j’en occultais totalement ce qu’il pouvait y avoir autour de nous, profitant uniquement de ce moment magique en compagnie de celle que j’aime depuis fort longtemps.

ㄨ @Maxine Blackwood