De belles retrouvailles { Soan <3

De belles retrouvailles

SoNo

Hier soir en sortant du boulot j’ai pour le moins qu’on puisse dire, décidé de reprendre ma vie en mains. En effet depuis qu’on m’a diagnostiqué en tant que bipolaire c’est ma mère qui est devenue la maîtresse de mon destin mais il était temps que je reprenne les rênes. Elle m’avait enfermé dans un hôpital psychiatrique alors que je venais de fêter mes 15 ans. Ce cirque avec ma mère durait depuis trop longtemps. Je ne pouvais tout simplement plus la supporter. Elle et toutes les barrières qu’elle me mettait… Du coup quand elle était venue me chercher à la fin de ma journée de taf comme tous les jours, j’avais serré les dents durant tout le trajet. Je ne tenais pas à me prendre la tête avec elle en voiture, je n’avais pas envie de provoquer un accident. J’avais donc attendu d’être à la maison pour lui balancer toutes mes rancœurs au visage. Et Dieu sait qu’il y en avait… Même si la première et la plus importante fut le fait qu’elle m’ait délibérément séparé de mon meilleur ami alors qu’il était l’être le plus important depuis toujours. Évidemment ce fut une bonne grosse dispute mais je n’ai pas lâché. J’ai tenu bon et je me suis tiré de chez elle, emportant avec moi que peu d’affaires qui tenaient dans un sac de voyage. Dès lors je n’ai plus eu qu’une idée, retrouver Nolan. Il fallait que je le revoie à tout prix. Je m’étais donc rendu à son ancienne adresse. Heureusement sa famille vivait toujours là-bas mais malheureusement pas lui. C’est une des employées de maison qui m’informa qu’il avait quitté New-York pour aller étudier à Los Angeles. Par chance celle-ci étant restée en contact avec Nolan m’indiqua le nom de son université.

Los Angeles ce n’était pas la porte d'à côté mais je tenais tellement à retrouver mon ami que j’étais prêt à tout pour lui. Même à claquer une bonne grosse partie de mes économies pour prendre le premier vol. Une chance que ma mère m’avait fait faire un passeport et tout le toutim en prévision de futures vacances. Sans ça j’aurais été obligé d’attendre encore… J’ai donc voyagé de nuit, ne souhaitant pas rester une minute de plus dans cette ville de malheur. Plus rien ne m’y retenait maintenant que je venais de couper les ponts avec ma mère. Je n’ai pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Pour cause c’était mon tout premier voyage en avion d’une part mais aussi parce que j’espérais retrouver ce garçon qui avait toujours été si spécial à mes yeux. J’appréhendais de le revoir. Et s’il m’avait oublié ? Et s’il ne souhaitait pas renouer avec moi ? Tant de questions étaient passées en boucle dans ma tête.

Une fois arrivé à l’aéroport de Los Angeles, je ressentis comme une légère pointe de soulagement. Au moins ici je ne serai plus sous la coupe de ma mère. Elle ne pourrait plus diriger ma vie comme elle l’avait toujours fait. Malgré tout je ressentais aussi une grosse part d’anxiété. Comment allais-je me débrouiller seul ? Sachant que je venais de tout claquer sur un coup de tête. Sans même savoir si la personne que je souhaitais rejoindre serait encline à m’accepter dans sa vie. Enfin bref… Je ne connaissais pas du tout L.A. et étant à peu près sûr de me paumer, j’optais pour un moyen moins compliqué. Je me dirigeais vers un taxi qui était devant l’aéroport. « Bonjour. Êtes-vous libre pour une course ? »  Demandais-je une fois près de la vitre du conducteur. L’homme me regarda et me fit un petit sourire. « Bonjour, oui. Où souhaitez-vous aller ? » Me demanda-t-il. Je lui communiquais le nom de l’université où je souhaitais me rendre. « Montez, je vous y emmène ! » Je ne m’étais pas fait prier pour m’engouffrer dans le véhicule, lâchant un petit soupir. Je me fichais totalement du prix de cette course, tout ce à quoi je pensais c’était retrouver Mister Williams.

Une bonne grosse demi-heure plus tard j’arrivais enfin devant l’université qu’on m’avait indiquée la veille. Je remerciais le chauffeur de taxi, réglais ma note et lui laissais un petit pourboire. Je regardais ma montre. Il était encore assez tôt. Sans doute trop tôt pour que je puisse voir des étudiants. Je regardais donc autour de moi et me rendais dans un café en face de l’université. Une chance que celui-ci soit ouvert. J’allais donc m’y réfugier et me commander un bon petit-déjeuner parce que franchement je n’avais rien avalé depuis la veille à midi et je crevais de faim. Il n’y avait pas encore grand monde à cette heure-ci dans ce café. Mais c’était tant mieux, un peu de calme ne pourrait que me faire le plus grand bien. Je déjeunais donc tranquillement. Puis au moment de partir je sortis mon portefeuille de la poche de ma veste et réglais mon dû à la serveuse. C’est là que mon regard se porta vers une photo de Nolan et moi l’année de nos 15 ans, quelques temps avant que je sois interné. J’attrapais donc cette photo et demandais. « Par hasard, reconnaîtriez-vous ce garçon ? »  Je lui tendais ma photo afin qu’elle puisse mieux la voir. La femme hésita un moment. « Je ne suis pas très physionomiste mais il me semble bien qu’il est déjà venu ici quelques fois. » Je ne pus m’empêcher de sourire en pensant que j’étais donc sur la bonne voie. « Merci beaucoup Madame ! »  Celle-ci laissa s’échapper un petit rire avant de me dire au revoir. Je quittais donc le café, remarquant qu’il y avait quelques personnes devant l’université.

Je me hâtais de traverser la rue pour me rendre devant les grilles de celle-ci. Au début je n’osais pas trop importuner les étudiants, du coup je les laissais passer devant moi sans rien dire. Puis au fil des minutes je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose. D’une part parce que j’étais gelé, donc il fallait que je bouge, mais aussi parce que ce n’était pas en attendant en croisant les bras que je retrouverai mon ami. J’avais donc demandé à plusieurs personnes si elles connaissaient Nolan. J’ai eu pas mal de monde qui m’a snobé purement et simplement puis j’ai essuyé plusieurs échecs. Je commençais à désespérer… et à être anxieux aussi. Je m’approchais d’un groupe de filles qui étaient en grande discussion. La plupart d’entre elles étaient en train de fumer. « Bonjour. Auriez-vous une cigarette pour moi ? »  L’une d’elles me fit un grand sourire. « Comment pourrait-on refuser une clope à une bouille d’ange comme la tienne. » Je ne savais pas comment réagir c’était bien la première fois qu’on me faisait ce genre de compliment. « Je euh… »  Bredouillais-je. Des rires éclatèrent autour de moi avant que la brune me tende ce que je voulais. « Merci… »  Finis-je par dire avant d’ajouter. « Et vous auriez du feu s’il vous plaît ? »  « Bien sûr. » Me répondit la fille qui venait de me donner une clope. Elle me tendit son briquet et j’allumais enfin la cigarette, aspirant une grande bouffée de celle-ci. Évidemment ça faisait des lustres que je n’avais pas fumé, du coup je me mis à tousser. Une nouvelle fois des filles se moquèrent de moi. « Première fois ? » Me demanda la brune qui reprit son briquet. Je secouais la tête. « Non ça fait juste plusieurs années… »  Répondis-je tout en tirant une nouvelle taffe. Cette fois je m’en sortais mieux. Je commençais à faire demi-tour lorsqu’elle délaissa son groupe de copines pour venir me voir. « Qu’est-ce qu’un beau gosse comme toi fait tout seul ici avec son sac de voyage ? » Me demanda-t-elle visiblement très curieuse. « Je cherche quelqu’un… »  Répondis-je un brin intimidé. « Ah bon… » Dit-elle apparemment déçue. Puisqu’elle semblait bien vouloir me parler, je sortis ma photo de mon portefeuille et la lui montrais. Elle fronça les sourcils. « Je le connais ce mec… C’est un enfoiré de première ! » J’écarquillais les yeux, surpris par ses propos. « Ouais je suis sortie avec lui fut un temps… » Me dit-elle de manière amère. Je ne savais pas quoi dire. D’un côté j’avais mal au cœur rien qu’à l’idée de le savoir avec quelqu’un mais d’un autre j’étais plutôt content de savoir qu’il n’était plus avec elle. « Bref si je me souviens bien il ne devrait plus tarder à finir ses cours de la matinée… » Dit-elle en s’éloignant de moi. « Oh ok merci ! »  Répondis-je content de savoir que je n’avais plus qu’à patienter un peu. Hors de question que je loupe sa sortie. Je retournais donc me mettre à un endroit où je pourrais surveiller la sortie sans le rater. Enfin sauf s’il y a d’autres entrées que celle-ci. Je terminais ma clope et la balançais sur le sol puis l’écrasais. Au moins elle m’avait permis de me détendre un minimum.

Je ne saurais dire combien de temps est passé avant que je finisse par apercevoir la personne que je recherchais. J’avais eu un grand sourire en le remarquant. J’avais senti mon cœur s’emballer dans ma poitrine mais mon sourire s’effaça lorsque je remarquais qu’il était avec une fille et qu’il l’embrassait. Je savais déjà que j’avais ce type dans la peau mais là mes craintes étaient fondées. Je détournais le regard ne voulant pas assister à ça plus longtemps. Je lâchais un soupir en sentant mon cœur saigner pourtant je ne pus m’empêcher de chercher du regard le brun. Il me semble qu’il m’a vu. Enfin je crois, s’il m’a reconnu bien sûr… J’étais tellement perdu dans mes sombres pensées que je n’avais même pas remarqué que quelques instants plus tard Nolan se dirigeait vers moi. De nouveau mon cœur s’emballa lorsqu’il s’adressa à moi. Encore un peu et j’aurais sursauté. J’eus un rire nerveux et hochais de la tête, un peu intimidé de me retrouver face à Nolan après tant d’années. Je ressentis une douce chaleur à l’intérieur de moi lorsqu’il me serra contre lui. « Tu m’as manqué aussi… » Réussis-je enfin à dire non sans une certaine émotion dans la voix. Je crois bien que je n’ai jamais été aussi heureux qu’à l’instant présent. Même si malheureusement j’avais tout un tas de sentiments qui se bousculaient en moi. Même si j’aurais aimé rester des heures durant dans les bras de Mister Williams, je me détachais de lui, ne voulant pas paraître suspect et mordillais ma lèvre en le regardant. « C’est con mais je sais même pas quoi te dire… Ni par quoi commencer... »  Il y a pas à dire je me sens comme une midinette face à son crush. Pourtant j’ai rêvé de ce moment un bon paquet de fois. Je rigole nerveusement tout en me tenant la nuque.

HJ:

De belles retrouvailles

SoNo

J’ai tout plaqué sur un coup de tête hier soir. En effet j’avais rompu mes liens avec ma mère et j’avais fini par quitter ma vie natale. Tout ça dans l’unique but de retrouver mon ami d’enfance Nolan. J’ai été trop longtemps séparé de lui et ça m’a fait plus de mal que de bien, contrairement à ce que pouvait en dire ma chère mère. À présent il n’était plus question qu’elle continue à diriger ma vie. De toute façon elle ne le pourra plus puisque je suis parti loin d’elle, sans même lui dire où je me rendais. Surtout que moi-même en claquant la porte de sa maison je ne savais même pas où j’allais.

Enfin bref là j’étais devant l’université de Nolan depuis plusieurs heures lorsqu’enfin je le vis arriver. Je peux vous dire que ça a été l’ascenseur émotionnel. La joie de le voir dans un premier temps. Le cœur brisé en le voyant proche d’une fille avec qui il semblait être en couple. Bon pour son penchant pour la gent féminine ça je l’avais déjà compris un peu plus tôt grâce à la brune qui semblait être sortie avec lui par le passé. Au moins de ce côté-là je savais à quoi m’en tenir… Il n’était sans doute pas attiré par les hommes. J’imagine donc non sans mal que le baiser qu’on a échangé par le passé n’a pas dû compter pour lui. Contrairement à moi… Quel idiot j’étais de m’être accroché à ce souvenir. Mais bon il ne fallait plus que je pense à ça maintenant que le brun était juste devant moi. Je n’avais pas envie qu’il me trouve bizarre. Je comptais bien savourer nos retrouvailles même si je sentais déjà venir les questions de mon ami. Questions auxquelles je n’aurais peut-être pas toutes les réponses. Toutefois j’essayais de ne pas rester trop longtemps dans ses bras. Pas que j’en aie quelque chose à faire du regard des autres… Mais celui de Nono en revanche était important pour moi et je ne voulais pas qu’il ait une mauvaise image de moi.

Mister Williams et moi avons été séparés trop longtemps, si bien qu’on ne savait même pas quoi se dire et qu’on était gênés de se retrouver en présence de l’autre. C’était sans doute normal. Enfin j’imagine… Je regardais un peu anxieux le brun qui souhaitait me demander quelque chose. J’attendis donc de savoir. J’eus un rire nerveux lorsqu’il parla de ma mère. Je secouais vivement de la tête. « Non… Aucun risque de ce côté-là… » En effet sauf si elle m’avait suivi à la trace, chose dont je doutais, elle ne pouvait pas être là. Si elle m’avait réellement pris en filature, elle me serait déjà tombée dessus depuis longtemps. Elle ne m’aurait sans doute pas laissé prendre l’avion. Pour l’heure je n’en parlais pas plus. On aurait bien le temps d’entrer dans les détails plus tard. En plus je n’avais pas vraiment envie de raconter ma vie ici alors qu’il y a tout un tas de personnes dans les parages. D’ailleurs ça me met mal à l’aise, je n’ai pas l’habitude de la foule. « Je te suis. » Répondis-je à mon ami qui voulait qu’on aille boire un café. Je me penchais et attrapais mon sac de voyage tout en marchant vers le bar en question. À la question de Nolan j’eus un tendre sourire. « Eh bien je suis allé chez toi. Enfin chez tes parents… Et je suis tombé sur l’une des employées qui m’a indiqué que tu étudiais ici. Apparemment d’après ce que j’ai compris tu as un bon contact avec elle. » Cette femme avait été assez gentille pour me dire où se trouvait mon ami. Après tout elle aurait très bien pu se méfier et ne rien me dire. « En tout cas grâce ou à cause de toi j’ai fait mon baptême de l’air en avion. » Dis-je en riant tandis qu’on entrait dans le bar où j’étais venu me réchauffer un peu plus tôt. Je suivais Nolan le laissant s’installer où il voulait. Je m’asseyais sur la banquette face à la sienne. La dame qui m’avait servi un peu plus tôt vint nous voir. « Bonjour ! » Lança-t-elle chaleureusement avant de reporter son attention sur moi. « Je vois que tu as retrouvé le garçon que tu cherchais… » Ok, ce n’était pas du tout gênant… J’ai dû rougir légèrement. « Oui Madame… » Répondis-je doucement tandis qu’elle nous demanda ce qu’on souhaitait boire. « Euh… » En fait je n’en avais aucune idée pour le moment. Puis ne voulant pas la faire attendre trop longtemps je dis : « La même boisson chaude que tout à l’heure s’il vous plaît. » Je laissais mon ami commander à son tour. « Je te préviens que bon nombre de personnes ce matin t’ont vu en photo à l’âge de 15 ans… » Dis-je en riant nerveusement. Dit comme ça ce n’était pas du tout flippant. Pauvre Nolan qu’allait-il penser de moi… J’inspirais un grand coup pour essayer de me détendre un peu.

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Voyant que Nolan n’était pas serein à l’idée que ma mère soit dans les parages je l’avais vite rassuré sur ce point. Non elle n’était pas ici et c’était tant mieux. Je grimaçais aux propos de Nono – surnom que je lui donnais étant plus jeune – toutefois je ne pouvais qu’être d’accord avec ce qu’il avait dit. « Je pense oui… » Finis-je par admettre. Après tout il avait raison sur ce point. Mais heureusement ce ne serait pas le cas cette fois. À présent j’étais majeur et elle ne pouvait plus rien y faire. Surtout que je ne me laisserais plus faire comme par le passé.

Le brun ainsi que moi-même nous dirigeâmes vers le café. En chemin nous en profitions pour continuer à discuter. Comme je l’avais bien deviné, visiblement Nolan et l’employée de ses parents étaient restés en bons termes. J’étais content pour lui, c’était toujours mieux quand ça se passait ainsi. Surtout que d’après mes souvenirs, les parents de Nolan n’étaient pas super présents pour lui. « Oh… » Soufflais-je un peu surpris d’apprendre qu’il avait déjà parlé de moi à cette femme. Au moins ça me rassurait un peu sur le fait qu’il avait continué à penser à moi, même après ce qu’avait fait ma mère. « Et que lui as-tu dit ? » Demandais-je quelque peu curieux. Cependant mon sourire se crispa un peu lorsqu’il parla de ma mère. « Ça n’a pas vraiment changé… » Répondis-je sans toutefois m’étendre plus sur le sujet. Après tout c’est vrai, ma mère est une véritable maniaque et aime que tout soit à sa place.  

Souhaitant changer de sujet de conversation j’avais annoncé à mon ami que j’avais donc pris l’avion pour la première fois. « Euh… Stressant ?! » C’était la première chose qui m’avait traversé l’esprit en pensant au vol. « Oui je suis toujours vivant ! » Répondis-je en riant. Après tout il avait raison, si ça s’était mal passé je ne serais pas là en train de lui parler. Mais fort heureusement tout s’était bien déroulé jusqu’ici. Quelques instants plus tard nous avions fait notre entrée dans le café situé en face de l’université. Nous étions à peine installés que la gérante débarqua pour prendre notre commande. Non sans me mettre légèrement mal à l’aise lorsqu’elle indiqua que ce matin je cherchais Nolan et que je l’avais finalement trouvé. N’aurait-elle pas pu garder ce détail pour elle ? D’ailleurs ça n’avait pas échappé au brun qui me taquinait à ce sujet. « Moi ? Mais pas du tout… » Répondis-je en faisant ma bouille d’ange. Mais bien sûr il était évident que j’avais mené ma petite enquête. Sans ça je ne l’aurais sûrement pas retrouvé. Une fois la commande prise la serveuse s’en alla, nous laissant de nouveau seuls dans notre coin.

Je ne pus guère m’empêcher de rire lorsque Nolan montra son petit mécontentement au sujet de mon enquête. « Mais dis pas n’importe quoi ! C’est moi qui ai une vraie tête de gamin sur cette photo ! Tu fais nettement plus mûr que moi dessus ! » Je ne disais pas de bêtise. À mes yeux j’avais une petite bouille de bébé. Tandis que lui paraissait plus vieux que moi. De toute façon ça a toujours été le cas, même si on a le même âge. M’enfin heureusement maintenant j’avais moins cette sensation de paraître plus jeune que mon âge réel. Je fouillais dans mes poches et en extirpais mon portefeuille afin d’en sortir la fameuse photo. « Regardes ! Regardes ! Qui fait le plus gamin des deux là-dessus ?! » Qu’il ne me réponde pas que c’est lui parce que franchement je ne serais pas d’accord avec ça. Je fis glisser la photo quelque peu abîmée jusque devant lui afin de lui montrer qu’il disait n’importe quoi. Enfin selon moi en tout cas. Même si pour le coup j’étais affreusement gêné de lui montrer cette photographie. Parce que j’avais l’impression que sur celle-ci on pouvait déjà voir les sentiments que j’avais pour lui à cause de la manière dont je le regardais. Essayant de reprendre une certaine contenance je me raclais la gorge en même temps que je me touchais nerveusement la nuque. « Raconte-moi un peu tout ce que j’ai raté de ta vie… » En effet j’avais envie qu’on rattrape le temps perdu et de savoir ce qui avait bien pu se passer dans la vie du jeune Williams durant mon absence. Même si j'avais ce sentiment quelque peu désagréable que certaines choses dont il me parlera ne me plairont pas.

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J’étais un peu sur mon nuage d’enfin revoir mon ami après toutes ces années de séparation. J’étais aussi ravi de voir qu’il avait eu une meilleure vie que moi. En même temps ce n’était pas bien difficile vu ce que j’avais vécu… Je ne pouvais m’empêcher de sourire bêtement en regardant Nolan. Et puis savoir qu’il avait une confidente en la personne de son ancienne nounou me rendait heureux pour lui. Au moins il était entouré et c’était une très bonne chose. Même si à présent il vivait loin de notre ancienne ville. Mais il me semblait être tout ce qu’il y a de plus heureux alors moi aussi je l’étais du coup. J’avais été un peu surpris d’apprendre que mon ancien meilleur ami avait parlé de moi à son ancienne nounou. Mais au moins ça me rassurait sur le fait qu’il ne m’avait pas zappé. Du coup j’avais fait mon petit curieux afin de savoir ce qu’il avait pu raconter à mon sujet. En écoutant mon ami, je ne pus m’empêcher de sourire encore une fois. “Oh c’est mignon !” Ne pus-je m’empêcher de dire tandis que le brun se confiait à moi. Je perdis quelque peu mon sourire lorsqu’il me demanda comment j’étais sorti de cet enfer. Je soupirais, cherchant comment j’allais lui expliquer tout ça. “Il y a deux ans à ma majorité ma mère m’a enfin fait sortir de cet asile de fous !” Commençais-je par dire. “Mais c’était pour mieux m’emprisonner par la suite…” Je m’arrêtais un instant et me mordis la lèvre. “En fait elle m’avait trouvé un job dans un fast-food afin de l'aider à payer le loyer et les factures. Elle m’emmenait au taf et revenait me chercher. En dehors de ça je n’avais pas le droit de sortir de chez elle…” Dis-je en ressentant une boule dans ma gorge. “Elle avait sans aucun doute peur que j’aille te rejoindre. D’ailleurs si tu veux tout savoir je n’ai même pas de téléphone portable… Et je n’ai jamais eu d’ordi non plus.” Si avec ça il ne comprenait pas à quel point ma mère avait voulu me garder rien que pour elle. Et surtout elle avait voulu éviter que je cherche à retrouver Nolan. Tout ça parce qu’elle n’était qu’une sale homophobe !

Heureusement pour moi, on avait changé de sujet de conversation. Tant mieux parce que parler de ma mère était en train de faire monter la rage en moi. Même si je me gardais bien de le montrer. J’avais avoué à Nolan que mon premier vol en avion avait été quelque chose de stressant pour moi. Mais heureusement tout s’était bien passé. La preuve j’étais là devant lui. “Oui c’est vrai même si je n’osais pas trop regarder dehors non plus !” Avouais-je en riant. Eh oui le vertige… Mais bon par moments j’avais tout de même jeté un oeil histoire de voir ce que ça pouvait donner comme sensation et Nono n’avait pas tort, c’était sympa de voir les nuages de près.

Nolan n’avait pas perdu ses habitudes de me charrier et je dois bien avouer que ça me plaisait de voir qu’il n’avait pas vraiment changé et qu’on parvenait tout de même à retrouver un semblant de complicité comme par le passé. Je fis semblant d’être outré par ses propos. “Je serais toi j’aurais probablement peur, après tout je suis fou…” J’avais dit ça sur le ton de l’autodérision mais en fait je le pensais un peu aussi. Puisque j’avais été diagnostiqué bipolaire donc bon on ne pouvait pas dire que j’étais quelqu’un de très stable. D’ailleurs en me barrant sur un coup de tête comme je l’avais fait, je n’avais même pas songé à embarquer avec moi mon traitement. Du coup il faudra que je songe à me trouver un nouveau psychiatre dans le coin pour qu’il me prenne en charge et voir avec lui pour qu’il demande mon dossier à mon ancien spécialiste. Mais bien évidemment j’espérais tout de même que Nolan n’ait pas réellement peur de moi. Je n’avais pas envie qu’il me voit comme un cinglé, mais juste comme son ami de longue date. Tel qu’il m’avait connu par le passé. Même si j’avoue j’aimerais bien qu’il me voie aussi un peu autrement qu’un ami. Mais pour l’heure je me contenterais de ça.

J’étais quelque peu gêné en montrant la photo de nous deux au jeune Williams. Parce que d’une part ça montrait que je l’avais toujours gardée sur moi et puis selon moi ça sautait aux yeux que sur celle-ci on pouvait remarquer que je le regardais déjà amoureusement à l’époque. “Là-dessus je ne dirais pas le contraire…” Ok j’aurais peut-être dû me taire parce que là s’il ne comprenait pas que j’avais des sentiments pour lui, c’était soit qu’il se voilait la face soit qu’il était complètement aveugle et/ou idiot. Je me collais un peu plus contre la banquette, si j’avais pu me cacher en-dessous je l’aurais fait bien volontiers. Je me sentais affreusement gêné d’un seul coup alors j’avais voulu changer de sujet, une technique de diversion comme une autre… Et puis en plus de ça c’est vrai que je voulais tout de même me mettre à jour à son sujet. Je repris ma photo et la rangeais à sa place initiale. Laissant le portefeuille sur la table. “Oh je suis désolé que tu aies fait une dépression par ma faute…” Enfin par ma faute, c’était plutôt celle de ma mère quand on y réfléchissait mais je ne pouvais tout de même m’empêcher de me sentir un peu coupable. Je ne savais pas ce qui était le mieux. Avoir une mère étouffante au plus haut point ou des parents qui ne s’intéressent pas vraiment à vous ? “Arf ouais je vois tes parents n’ont pas vraiment changé comme tu dis…” En effet dans mes souvenirs d’enfance, je me rappelais que déjà à ce moment-là ils n’étaient pas très présents dans la vie de leur fils. “Ah merde !” Ne pus-je m’empêcher de m’exclamer en apprenant qu’il avait eu une appendicite durant les fêtes de Noël. Égoïstement j’étais content de savoir qu’il n’avait pas trouvé son bonheur dans les bras d’une fille, même si visiblement il était en couple à l’heure actuelle, mais j’en déduisais donc qu’il n’y avait rien de sérieux entre eux. J’en étais plutôt content même si je ne le montrais pas. “Euh j’ai tout simplement pété un plomb hier soir, je n’en pouvais plus de ce qu’elle me faisait vivre. Elle est venue me chercher après le boulot. J’ai attendu qu’on soit à la maison et je lui ai balancé toute ma haine au visage avant de prendre quelques affaires et de me barrer sans me retourner. C’est aussi simple que ça !” Répondis-je fier de moi et du fait que j’avais pris mon envol loin de ma mère. Au moins maintenant je me sentais libre. Un instant plus tard la serveuse apporta notre commande. Je la remerciais et lui fis un sourire avant de reporter mon attention sur Nolan. “J’imagine que t’es en train de flipper avec tout ce que je te dis depuis tout à l’heure…” Après tout il en aurait bien le droit et je ne lui en voudrais pas si c’était le cas. Je regardais la coupelle posée entre nous deux dans laquelle se trouvait le prix de nos consommations. J’ouvris mon portefeuille et déposais un peu plus que le montant de ma boisson, ça ferait un pourboire pour la gentille dame. “Et maintenant je n’ai nulle part où aller…” Finis-je par avouer. En effet où est-ce que je pourrais bien aller maintenant ? Alors que je ne connaissais pas du tout la ville. De plus je repartais carrément de zéro là pour le coup.  

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Je n’étais pas très à l’aise de devoir parler de ma mère mais c’était bien normal que Nolan me demande comment j’étais sorti de l’hôpital psychiatrique et comment j’avais fait ensuite pour venir jusqu’ici. C’était donc non sans mal que je lui avais expliqué tout ce qui s’était passé. Et encore je lui avais fait un résumé, ne souhaitant pas trop m’étaler sur le sujet parce que ça me pesait et que je préférerais nettement parler d’autres choses que ma mère. Je ne m’étais pas offusqué quand mon ami avait insulté ma mère. Après tout elle l’avait bien cherché. J’avais terminé en expliquant au brun que je n’avais aucun moyen de communication. Je supposais que comme ça il comprendrait pourquoi je ne l’avais pas contacté plus tôt avant de venir ici. J’étais touché par ce que me disait le jeune Williams. “Ça me gêne…” Commençais-par lui avouer. En effet j’avais l’impression que j’allais devenir dépendant de lui et ce n’était pas une chose que j’aimais particulièrement. Non pas que ça me dérangerait d’être au maximum avec lui mais je n’aimais pas cette sensation de me sentir redevable. “Mais merci ça me touche…” Finis-je par dire pour lui faire comprendre que j’acceptais malgré tout ce qu’il me proposait. Parce que là j’avais encore mes économies mais il faudra bien que je me trouve rapidement un boulot aussi parce que je ne compte pas rester sans rien faire ni même être trop dépendant de mon ami. Je me sentirais trop mal si tel était le cas.

Après ça on avait évoqué un peu le fait que j’avais pris l’avion pour la première fois afin de venir ici. J’avais confié à mon ami que j’avais stressé durant le vol et que je n’avais pas trop osé regarder par le hublot pendant le vol. Mais fort heureusement j’avais pris sur ma peur pour jeter un rapide coup d’oeil de temps en temps parce qu’il est vrai que la vue est à couper le souffle. “Pour ma part je ne sais pas. Mais pour le moment je suis bien mieux sur la terre ferme !” Répondis-je en riant doucement. En effet je préférais être là pour le moment.

J’avais dit sur le ton de la plaisanterie que j’étais fou. Après tout beaucoup de gens pensent ainsi au sujet des bipolaires. Donc je ne m’offusquerais guère si le brun me décrivait comme tel. Mais non visiblement il ne me voyait pas comme ça et je fus touché par le geste de tendresse qu’il venait d’avoir envers moi. J’hochais de la tête pour faire comprendre à Nolan que oui je l’avais bien entendu. Je lui offris même un petit sourire, parce que j’étais content qu’il me dise qu’on était ensemble maintenant et qu’il m’aiderait à faire face à cette foutue maladie. “D’ailleurs en partant comme ça sur un coup de tête, j’ai oublié d’embarquer mon traitement…” Dis-je en grimaçant. En effet là j’avais fait une belle boulette. Il faudrait donc que je trouve rapidement un psychiatre qui pourrait me prendre en charge et voir avec lui pour qu’il obtienne mon dossier de mon ancien spécialiste.

J’avais été un peu gêné en montrant cette vieille photo à Nolan. Du coup je l’avais vite rangée dans mon portefeuille là où elle était soigneusement depuis longtemps. En fait elle ne m’avait jamais quitté et je ne comptais pas m’en débarrasser. Parce que c’était la seule que j’avais réussi à garder. La seule que ma mère n’avait jamais trouvée. J’haussais des épaules tandis que le brun me disait que je n’étais pas moche. C’était son avis et j’étais plutôt content de l’entendre me dire ça, même si je ne savais pas s’il le pensait réellement. Pour ma part je n’avais pas vraiment d’avis sur mon physique. Je ne saurais pas dire si je me trouvais moche ou beau mais en tout cas je m’acceptais tel que j’étais, ce qui était déjà pas si mal que ça.

Si Nolan continuait comme ça, j’allais finir par me mettre à pleurer tellement il m’émouvait à être si prévenant envers moi alors qu’on ne s’était pas revus depuis des années. Néanmoins j’étais content de voir qu’il me considérait toujours comme son ami malgré les années qui étaient passées. “Crois-moi tu étais bien mieux loin de cet environnement…” En effet je ne souhaiterais même pas à mon pire ennemi de se retrouver dans un hôpital psychiatrique. Parce qu’ok moi une fois que j’ai eu le bon traitement avec le bon dosage j’étais plutôt calme mais il y avait des cas bien pires que moi et c’était dur de les entendre hurler de jour comme de nuit.

Je sortis de mes sombres pensées lorsque le brun me confia qu’en effet ses parents n’avaient pas changé et étaient toujours aussi peu présents dans sa vie. Ça me peinait un peu pour lui je dois bien l’avouer mais en même temps je l’enviais parce qu’au moins il n’avait pas vécu avec une mère comme la mienne… C’en était arrivé au point où je ne la supportais tout simplement plus. Voilà pourquoi je m’étais barré de chez elle. Pour ça mais aussi et surtout parce que j’avais eu ce besoin de revoir mon Nono. D’ailleurs de nouveau j’avais dû lui parler de ma mère et lui expliquer comment j’avais fait pour arriver jusqu’ici. Mais voilà je me demandais si tout ce que j’avais pu raconter à mon meilleur ami ne lui faisait pas peur. Une fois de plus je remarquais que le jeune Williams cherchait à me rassurer, du coup je ne pus m’empêcher de sourire. J’étais vraiment heureux de l’avoir retrouvé et de voir qu’il était si bienveillant à mon égard. Chacunes de ses paroles avaient le don de me toucher au plus profond de mon être. Bien évidemment mon coeur rata un battement lorsqu’il me dit qu’il m’aimait tel que j’étais. Oh bien sûr j’avais conscience qu’il ne me parlait pas vraiment d’amour à proprement parler mais ça me faisait tout de même chaud au coeur. Mais du coup j’étais un peu gêné. “Merci…” Répondis-je tout doucement. J’avalais ensuite mon café parce que je n’y avais pas encore touché depuis qu’il nous avait été servi. Voyant Nolan boire le sien d’une traite je fis de même, me disant qu’il souhaitait peut-être aller ailleurs. J’arquais un sourcil alors qu’il me demandait si je savais ce qu’il souhaitait faire. “Non quoi ?” Répondis-je en attendant de savoir la suite. Je ne pus m’empêcher de lâcher un petit rire à cause de son idée. “Euh d’une part je n’ai pas envie que tu prennes de risques pour moi. Et ensuite…” Mon visage se ferma d’un seul coup. “Je ne me rétablirai jamais t’en as bien conscience… J’aurais toujours cette foutue maladie…” Même si j’avais une sainte horreur de parler de ma bipolarité, je tenais à ce qu’il comprenne bien ce dans quoi il comptait s’embarquer et surtout qu’il sache que quoiqu’il arrive, j’aurais toujours besoin de prendre mon traitement et d’avoir une surveillance quant à mon état mental.    

De belles retrouvailles

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J’étais quelque peu gêné par la proposition de Nolan mais je devais bien avouer que j’étais quand même touché par le fait qu’il veuille me donner son ancien téléphone. D’ailleurs il faudra qu’il m’apprenne à m’en servir parce que je ne savais même pas comment ça pouvait fonctionner. J’avais l’impression d’être inculte. Tout ça à cause de ma mère… Je tiquais un peu sur le mot rétablir mais ne disais pourtant rien. Ne voulant pas froisser mon meilleur ami qui me proposait gentiment son aide. « Je te remercie mais je compte bien vite me trouver un boulot… » Lui avouais-je. Parce que je n’avais pas envie de profiter de son argent, même s’il me disait qu’il en avait trop pour lui. Ce n’était pas mon genre tout d’abord puis ensuite je ne me sentirais pas bien si je faisais une telle chose. J’aurais l’impression de mal agir en vivant à ses crochets. En plus de ça j’aurais trop peur que ça finisse par briser notre amitié. D’ailleurs j’étais plutôt content de voir que les choses n’avaient pas trop changé entre nous malgré le fait qu’on n’ait pas pu se voir pendant de nombreuses années.

D’ailleurs j’étais un peu ému de voir que Nolan me proposait déjà de partir en vacances avec lui, alors qu’on venait tout juste de se retrouver. S’il continuait comme ça, il allait vraiment me faire fondre littéralement. Parce que oui depuis tout à l’heure, je sens bien que mes sentiments pour lui sont toujours là. Peut-être même encore plus maintenant que j’étais devant lui. « Ce serait avec grand plaisir. » Finis-je par lui répondre tandis que je sortais enfin de mes pensées. Il faudrait que j’arrête d’être aussi dans la lune devant lui, sinon il finirait par se dire que quelque chose clochait chez moi. Ou alors pire il comprendrait que je ressens plus que de l’amitié à son égard.

Quelques instants plus tard alors qu’on parlait de ma bipolarité, j’avouais au brun que j’avais complètement zappé de prendre mon traitement en partant à la hâte de chez ma mère. Je savais que ce n’était pas bien, mais j’avais simplement oublié. Et puis ce n’était pas si grave si je restais une ou deux journées sans non ? Néanmoins il était vrai qu’il valait mieux que je le reprenne rapidement sous peine de me transformer soit en pile électrique soit en véritable lavette. Je n’avais pas trop envie d’être dans l’un de ces deux cas même si mon traitement me faisait clairement tourner au ralenti. Chose qui m’énervait pas mal il fallait bien l’avouer. Mais bon je savais que sans mon traitement ce serait encore pire. « Ouais… » Commençais-je par dire. « Ah bah ouais s’il y a moyen je veux bien. Merci. » Il n’y avait pas à dire, je serais vraiment perdu ici sans Nolan. Heureusement que j’avais fini par le retrouver. Au moins grâce à lui je pourrais peut-être avoir rapidement un rendez-vous ainsi que mon traitement.

Je n’aimais pas trop repenser à ce que j’avais pu vivre au sein de cet hôpital psychiatrique où je m’étais retrouvé enfermé pendant des années – jusqu’à ma majorité – à cause de ma mère. Chose que je ne pardonnerais jamais à ma génitrice d’ailleurs. Du coup non je n’avais pas vraiment envie d’en parler à Nolan. Je secouais doucement la tête de manière négative. « Je préférerais éviter… » Lui répondis-je simplement, espérant simplement qu’il comprendrait et n’insisterait pas sur le sujet.

Mister Williams était bien gentil mais je me voyais mal squatter sa chambre universitaire. Parce que d’une part il avait peut-être un ou des coloc(s) et qu’en prime s’il se faisait prendre avec quelqu’un d’étranger il risquerait d’avoir de gros problèmes. Chose que je ne souhaitais pas. Je n’avais pas envie qu’il s’attire des ennuis par ma faute. Même si une fois de plus, j’étais touché. Je ravalais difficilement ma salive tandis qu’il me disait que je pourrais vivre normalement grâce à mon traitement. « Ça c’est ce que tu penses… Mais il ne faut pas croire. Il y a bien des effets secondaires peu sympathiques avec ce genre de traitement. » En effet l’impression de fonctionner en mode sous-régime dans un premier temps. Le fait aussi que je n’avais pas vraiment de libido. En même temps vu là où j’étais c’était sans doute normal. Mais bon je n’étais pas idiot, je savais bien qu’à mon âge normalement et même lorsque j’étais ado, j’aurais dû avoir des envies, des besoins. Sauf que non avec ce traitement c’était comme si ça coupait l’envie de sexe. Donc non on ne pouvait pas dire que je vivais normalement. Mais ça évidemment Nolan ne pouvait pas le comprendre puisqu’il ne le vivait pas. Malgré le fait que je songeais à tout ceci, j’avais quand même écouté ce que me disait le brun. Visiblement ce dernier n’était pas prêt à lâcher le morceau. J’allais commencer par lui dire que non je me trouverai une chambre d’hôtel ou un truc du genre mais lorsque je le vis faire son regard et sa bouille de chien battu, je ne pouvais pas résister. Je riais nerveusement parce que ça faisait bien longtemps que je ne l’avais plus vu faire ça. Décidément il n’avait pas changé. « Tu triches là ! Tu sais que je ne peux pas résister quand tu fais ça ! » Oh que oui il ne le savait que trop bien et malheureusement pour moi, malgré les années qui avaient passé, je n’avais pas changé non plus et je ne pouvais pas lui refuser quoi que ce soit quand il prenait cet air-là. « C’est bon t’as gagné ! Mais s’il te plaît arrêtes de me regarder comme ça ! » Lui dis-je en lâchant de nouveau un petit rire. « J’te jure que t’as pas intérêt à user de ce petit stratagème trop souvent parce que c’est déloyal ! » En effet je n’avais pas envie qu’il abuse de cette emprise qu’il avait sur moi. Parce que je savais que sinon je serais foutu d’avance. Il m’avait bien trop fait cette bouille par le passé et à chaque fois j’avais craqué… Peu importe ce qu’il me demandait je cédais toujours quand il avait recours à cette technique.

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Il était évident que je ne comptais pas me tourner les pouces maintenant que j’étais arrivé ici. Non je comptais vite me trouver un taf. Si possible dans la restauration puisque j’avais déjà un peu d’expérience en ayant bossé dans un fast-food. Donc ouais un boulot de serveur ou au pire de plongeur pourrait totalement me convenir je pense. D’ailleurs je commencerai peut-être par demander à la dame du café où j’avais pris mon petit-déjeuner ce matin. Après tout, elle avait peut-être besoin de main-d’œuvre. Je souriais alors que Nolan me demandait si je savais que je pouvais toujours compter sur lui. « Oui je crois que j’ai bien capté le message ! » Lui répondis-je en lui lançant un clin d’œil. Il aurait fallu que je sois complètement idiot pour ne pas l’avoir encore compris. J’avais encore envie de remercier Nono mais je m’en empêchais parce que je n’avais pas envie qu’il pense que j’étais lourd à lui dire merci toutes les cinq secondes.

Je ne pouvais qu’être touché par tout ce que me disait ou me proposait mon meilleur ami. Il était vraiment trop adorable avec moi. Du coup oui je ne pouvais que sourire tandis qu’il imaginait déjà partir en vacances avec moi. Ça me faisait vraiment du bien de voir qu’il avait déjà de tels projets en tête. Ça me réchauffait le cœur. « Oui on va faire ça ! » Répondis-je quand il m’avait dit qu’on allait déjà tâcher de me remettre bien dans la vie avant de prévoir des vacances. De toute façon oui c’était logique, c’était ce qu’il fallait faire, j’étais parfaitement d’accord avec ça.

Évidemment après tout ça, j’avais fini par avouer à mon ami que j’avais fait une énorme boulette en partant sur un coup de tête. En effet j’avais oublié de prendre avec moi mon traitement quotidien. Mais comme je m’y attendais, Mister Williams avait déjà trouvé une solution. Décidément il avait toujours réponse à tout. Ce qui était plutôt bien dans ce cas-là. « Je pense ouais… » Répondis-je sans toutefois être certain que ça se passerait bien d’ici là puisque depuis X années je n’avais quasiment jamais oublié de prendre mon traitement et lorsque c’était le cas, c’était juste le temps d’une journée. Tandis que là ça ferait quand même 48 heures. Mais bon on verra bien ce que ça donnera. Pour le moment je gérais plutôt bien. Enfin je pense.

Je me doutais que Nolan était curieux et aimerait savoir ce que j’ai vécu au sein de l’hôpital psychiatrique. Je ne lui en voulais pas pour ça. Simplement moi je n’avais plus envie d’y repenser et donc je ne souhaitais pas m’exprimer à ce sujet. Parce que pour moi ça avait été une véritable torture de me retrouver là-bas enfermé pendant des années, sans avoir le moindre contact avec Nolan alors qu’il était mon meilleur ami et plus encore à mes yeux. Du coup oui j’avais très mal vécu toutes ces années d’enfermement alors qu’auparavant je n’avais jamais été séparé du brun pour ainsi dire. J’offris cependant un petit sourire à mon ami. « Oui je n’oublierai pas. » Lui dis-je simplement, toujours avec le sourire aux lèvres tant j’étais heureux de savoir que je pouvais compter sur lui désormais. Je ne pus m’empêcher de rire tandis qu’il s’amusait à me décoiffer. Je le laissais faire avant de remettre un peu d’ordre dans ma chevelure. « Je parie que ça t’a manqué de pouvoir faire ça ! » Lui dis-je, me rappelant qu’il faisait déjà ça quand on était plus jeunes. Ça me rassurait vraiment de voir que les choses n’avaient pas trop changé entre nous, malgré l’éloignement qu’on avait subi.

Je savais que le brun ne cherchait qu’à m’aider, me protéger en me proposant de squatter sa chambre universitaire mais j’avais peur qu’il s’attire des ennuis par ma faute. Et puis j’essayais aussi de lui faire comprendre que même avec mon traitement la vie n’était pas normale, contrairement à ce qu’il croyait. Mais bon je ne souhaitais pas non plus rentrer dans les détails trop intimes qui ne regardaient que moi. « Ce n’est pas ce que j’ai dit… Simplement que tu ne peux pas vraiment comprendre ce que je vis ou ressens à cause de cette fichue maladie… » Je ne voulais pas lui saper le moral mais je n’avais pas envie non plus qu’il se voile la face en pensant que tout était réglé pour moi grâce au traitement que je prenais. Je ravalais difficilement ma salive en songeant à ça et en entendant Nono me dire qu’il voulait m’aider. Je fermais un instant mes yeux mais quand je les ouvrais à nouveau je le vis faire sa bouille de chien battu. Celle à laquelle je n’avais jamais réussi à résister. Le bougre il le savait en plus ! Il le faisait exprès juste pour que je lui dise oui. Du coup je lui avais fait remarquer qu’il trichait en agissant de la sorte parce qu’il savait que je craquais toujours. Forcément il ne manqua pas de me dire qu’il l’avait fait exprès justement, qu’il me connaissait mieux que personne. « En même temps c’est pas difficile vu la non-vie sociale que j’ai eu depuis qu’on ne s’est plus vus… » En effet en dehors des gens à l’hôpital psychiatrique, de ma mère et des gens que je côtoyais sur mon lieu de travail, je n’avais fréquenté personne. Donc c’était évident qu’il était celui qui me connaissait le mieux. D’autant plus qu’il était le seul puisque je n’avais jamais vraiment eu d’autres amis que lui.

Je ne pus m’empêcher de lever un instant les yeux au ciel en voyant le brun lever le poing en l’air, visiblement fier de m’avoir fait céder. J’espérais juste qu’il ne le regretterait pas par la suite. Ça m’embêterait vraiment qu’il ait des soucis en me logeant dans sa petite chambre universitaire. Évidemment je ne pus que me marrer en voyant mon interlocuteur prendre un air d’ange. Ça ne lui allait tellement pas… Lui c’était plutôt un petit diablotin. Surtout après ce qu’il venait de me faire. « Si c’est parfaitement déloyal ! Parce que tu abuses de ça pour me faire céder ! » Répondis-je à ce qu’il venait de me dire. Je laissais mon ami payer son dû et me levais tout en prenant mon sac.

Je suivais à présent Nolan qui quittait le café. Je ne le quittais pas d’une semelle tandis qu’on pénétrait sur le campus. Je ne me sentais pas trop à l’aise. J’avais peur qu’on remarque que je faisais tache parmi tous ces étudiants. Du coup je me faisais tout petit, jusqu’à ce qu’on finisse par arriver enfin dans sa chambre. Une fois dans celle-ci je lâchais un petit soupir de soulagement tout en déposant mon sac dans un coin. Au moins j’avais réussi à venir jusqu’ici et je pouvais un peu me détendre à présent maintenant que je m’étais faufilé jusque dans la chambre de Nolan. « Bon et c’est quoi ton plan maintenant ? » Demandais-je curieux de savoir ce que le brun avait prévu pour réussir à me planquer ici, sans que personne ne se doute de rien. Je tirais sa chaise de bureau et m’installais dessus. N’osant pas me mettre autre part pour le moment. Je regardais le brun, attendant de savoir ce qu’il imaginait pour la suite.

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J’étais un peu gêné de voir mon ami d’enfance autant prêt à faire tout et n’importe quoi pour moi alors qu’on ne s’était pas vus depuis des années. Mais en même temps j’étais content et j’appréciais son geste qui me touchait. En revanche je ne pus m’empêcher d’éclater de rire tandis que le brun me disait qu’il allait me manger tout cru si je n’avais pas compris son message. “Non c’est vraiment pas la peine ! En plus je ne pense pas être très comestible !” Rétorquais-je toujours en riant à cause de nos bêtises.

Entre deux sujets de conversation j’avais indiqué à Nolan que malheureusement en partant précipitamment j’avais oublié de prendre avec moi mon traitement mais il avait déjà trouvé une solution voire même une autre maintenant. “Comme ça t’arrange…” Lui répondis-je simplement en lui faisant un petit sourire. Après tout je n’avais pas envie de l’embêter non plus ni qu’il ait des soucis à cause de moi. Je pourrais peut-être tenir encore un peu sans mon traitement. Même si j’avoue ne jamais être resté longtemps sans le prendre. “Nan puis ce n’est pas la peine de t’attirer des soucis par ma faute…” Dis-je tandis qu’il m’indiquait qu’il ne pouvait pas me faire d’ordonnance puisqu’il n’était pas diplômé. En effet ce serait bête qu’il se fasse engueuler à cause de ça.

Par la suite mon ami n’avait pas pu s’empêcher de glisser sa main dans mes cheveux pour me décoiffer. Je l’avais laissé faire sans ronchonner parce que je me souvenais qu’il aimait déjà faire ça quand on était plus jeunes. Du coup oui j’imaginais parfaitement que ça lui avait manqué. Chose qu’il s’empressa de confirmer. Je ne pus m’empêcher de sourire tandis que je remettais mes cheveux en place. “Ah t’en as carrément rêvé ?!” Répondis-je en riant pour le taquiner, même si ça me faisait plaisir d’apprendre ça. Sans doute même un peu trop puisque je me laissais aller à rêver. Mais je me faisais plus de mal qu’autre chose…

Je n’aimais pas trop parler de ma maladie en règle générale mais là j’essayais de faire comprendre à Nolan que ce n’était quand même pas rien ce que j’avais. Je ne voulais pas qu’il se voile la face au sujet de ma bipolarité. Parce que c’était quand même une sacrée maladie de merde qui sera toujours là quoi qu’il arrive. “Ce n’était pas mon intention…” Répondis-je simplement tandis que Mister Williams me disait qu’il ne voulait pas que je me prive de vivre à cause de ça. Oh que non, encore moins maintenant que je n’avais plus ma mère pour m’empêcher de faire ce que je voulais. En effet je comptais bien rattraper les années où elle m’avait privé de ma liberté. Et pour ça j’avais déjà quelques idées en tête d'ailleurs. Mais je préférais les garder pour moi. Parce que pas sûr que Nolan serait d’accord avec moi. J’aurais bien trop peur que lui aussi ne joue au garde-malade. Ensuite Mister Williams m’avait demandé si je n’avais pas échangé avec d’autres personnes lucides à l’hôpital psy. “J’en avais rien à foutre des gens là-bas !” Répondis-je de manière un peu sèche. Parce que oui j’avais toujours du mal avec ça. Mais me rendant compte de la façon dont je lui avais parlé je me calmais. “Désolé…” Commençais-je par dire avant d’ajouter. “Tout ce que je voulais moi c’était me barrer de là-bas… Et te revoir.” Ok là j’en avais peut-être trop dit. Il allait vite comprendre que je n’avais eu que lui en tête toutes ces années. C’était sûr qu’il allait griller qu’il était plus qu’un ami à mes yeux.

Je secouais la tête, amusé, par le comportement du brun qui était heureux de m’avoir fait craquer à cause de son air de chien battu et de sa bouille d’ange. Puis ses paroles me faisaient rire elles aussi. “Ah bah là oui c’est un peu ça !” Répondis-je en riant encore. Pour le coup il n’avait pas vraiment tort donc je ne dirais absolument pas le contraire. Après avoir fini nos consos qu’on avait payées, je m’étais dirigé avec le brun jusqu’à sa chambre sur le campus. J’avais été un peu stressé en chemin mais je fus soulagé lorsque nous arrivâmes enfin dans son antre. J’avais aussitôt demandé à mon meilleur ami quel plan il avait en tête pour la suite des événements. Puis je m’étais assis sur son fauteuil de bureau tandis que Nono lui s’était posé sur son lit. Je l’écoutais m’expliquer ce qu’il avait déjà en tête. “Non mais non tu gardes ton lit, moi je prendrai le matelas gonflable.” Oui j’étais un peu gêné. Je n’avais pas envie de squatter son lit. J’avais déjà cédé quant au fait de venir ici, je n’allais pas en plus faire ça. J’haussais les épaules. “Pour l’instant ça va, j’ai pris mon petit déj tout à l’heure au café d’en face.” Répondis-je en souriant. Mais bon après s’il avait envie de commander à manger, je n’allais pas non plus l’en empêcher, il était libre de faire ce qu’il voulait tout de même.

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Il n’y avait pas à dire, par moments on pouvait vraiment sortir de grosses âneries Nolan et moi. Comme on le faisait actuellement d’ailleurs. “Eh bien je suis sûr que tu trouveras autre chose à te mettre sous la dent ! Mais désolé ça ne sera pas moi !” Répondis-je en riant toujours à cause de nos bêtises.

Après ça on avait entamé un nouveau sujet de conversation, plus sérieux cette fois puisque j’avais prévenu mon ami du fait que je n’avais pas mon traitement avec moi. Pour le coup j’avais été bête d’avoir oublié de le prendre avec moi en partant de chez ma mère. Mais j’étais tellement parti sur un coup de tête que forcément je n’avais guère songé à l’embarquer. Une fois de plus je pouvais voir à quel point je pouvais compter sur mon meilleur ami, même si je n’en doutais absolument pas. “Merci…” Répondis-je doucement tandis que le brun me confiait qu’il s’occupait de tout. Je ne pus m’empêcher de sourire, un peu gêné quand Mister Williams avait dit qu’il faisait ça pour mes beaux yeux. J’étais peut-être même déjà en train de rougir sans m’en rendre compte, ce qui ne serait pas étonnant puisque je n’étais pas habitué à recevoir des compliments, aussi minimes soient-ils.

Mon ami s’amusa à me décoiffer, comme il l’avait toujours fait. Si ça lui avait manqué, il n’était pas le seul dans ce cas-là. En effet moi aussi j’étais content de retrouver ce simple contact. D’ailleurs ça devait se voir au sourire que j’arborais tandis que je le taquinais sur le fait qu’il en ait rêvé. “Ah possible oui !” Répondis-je en riant doucement. En tout cas ce n’était pas moi qui allais me plaindre du fait que le brun ait pensé à moi durant toutes ces années où on n’avait plus été en contact. Parce que moi aussi j’avais fait pareil. Sauf que moi ça n’avait pas été une fois de temps en temps. Non de mon côté ça avait été tous les jours, continuellement. Mais ça bien sûr je me gardais de lui dire. Parce que je n’avais pas envie qu’il me voie encore plus fou à cause de ça.

Parler de mon séjour forcé en hôpital psychiatrique a toujours le don de me foutre les nerfs en pelote, c’est plus fort que moi. Mais heureusement je me suis vite rendu compte que j’avais déconné et que je n’avais pas répondu de manière très agréable à mon ami. Du coup je m’étais empressé de m’excuser avant de lui expliquer que je n’avais aspiré qu’à une seule chose durant toutes ces années d’enfermement, sortir de cet endroit de malheur et le retrouver. C’était moi ou le brun avait les larmes aux yeux ? Je le regardais en souriant avant de rire doucement. “C’est que t’as oublié comment j’étais alors !” Lui répondis-je, quelque peu amusé. Parce que oui j’ai toujours été ce genre de garçon mais visiblement Nolan ne s’en souvenait plus lui. Ce qui m’étonnait grandement d’ailleurs. “Mais je m’en voudrais de te faire pleurer !” Ajoutais-je en lui lançant un sourire innocent. Parce qu’en effet ça me chamboulerait quand même de le voir en larmes par ma faute, même si je pense que là ce serait sans doute dû à une grande joie.

Après ce petit moment passé au café en face de l’université, mon ami et moi nous étions rendus sur le campus, dans sa chambre, bien à l’abri des regards. C’est là qu’une fois installés confortablement on avait commencé à discuter tranquillement. Mon meilleur ami voulait me laisser son lit mais je n’étais pas d’accord. Après tout le matelas gonflable me conviendrait tout à fait. Surtout que j’avais déjà cédé pour squatter ici, je n’allais pas non plus craquer pour tout. “Je n’en doute pas, mais je préfère que tu gardes ton lit.” Répondis-je en souriant. Bon ok Nono était trop mignon là, mais quand même je préférais ne pas trop abuser de sa gentillesse même si c’était lui qui m’avait fait cette proposition.

Le brun me demanda si j’avais faim mais pour l’instant ça allait de mon côté puisque j’avais déjà pris un bon petit déj tout à l’heure. “Ok ça marche on fait comme ça alors !” Répondis-je avec le sourire aux lèvres tandis que mon meilleur ami m’indiquait que je pourrais toujours prendre les restes si j’avais un petit creux. Je riais ensuite à ce qu’il avait ajouté. “Tu crois à ces trucs-là toi ?” Je n’étais pas certain qu’il soit sérieux pour le coup mais bon ça ne me coûtait rien de lui poser la question. Je ne pouvais m’empêcher de sourire au clin d’oeil qu’il m’avait lancé. Décidément il était toujours aussi beau que dans mes souvenirs, voire peut-être même encore plus maintenant en fait. Je me giflais mentalement pour m’empêcher de trop partir dans mes rêveries. “Et cet après-midi t’as cours ?” Demandais-je histoire de faire la conversation et surtout de savoir si j’allais rester seul ou non après sa pause-déjeuner. J’avoue que j’ai un peu peur de me retrouver en solitaire dans cette chambre. Surtout que je ne saurais pas trop quoi faire pour passer le temps. Et puis égoïstement j’avais envie que Mister Williams reste avec moi.  

De belles retrouvailles

SoNo

Je ne bougeais pas d’un poil lorsque Nolan posa sa main sur mon épaule. Certes par le passé j’étais habitué à ce qu’il soit tactile avec moi, mais c’était il y a tellement longtemps que j’en avais perdu l’habitude. Du coup j’avais un peu bogué à ce petit geste pourtant anodin. Je secouais doucement la tête à ses propos mais ne répondis rien parce que tout simplement je ne savais pas quoi dire de plus concernant ce sujet de bêtises.

J’étais touché de voir mon ami d’enfance qui n’hésitait pas à me proposer son aide. Ça ne m’étonnait pas vraiment venant de lui puisque déjà quand on était plus jeunes, il était toujours présent pour me soutenir dans les bons et surtout les mauvais moments. Il restait donc fidèle à lui-même, ce qui était plutôt bien. De plus ça me rassurait de voir que je pouvais compter sur lui parce que là clairement je serais perdu sans lui. Après tout je ne connais pas cette ville. Donc oui je vais avoir besoin de lui, au moins durant les premiers temps. Parce que oui après j’allais quand même éviter d’être toujours sur son dos, sinon il m’enverra probablement bouler parce qu’il en aura marre de moi. J’avais été agréablement surpris de savoir que le brun avait rêvé de moi, de nos retrouvailles. Sauf que là j’étais en train de boire un peu de mon café et ne m’attendant pas du tout à sa question j’avais avalé ma boisson de travers. Bon sang que ça faisait un mal de chien. J’avais les larmes aux yeux après avoir réussi à faire passer la gorgée qui m’avait fait du mal. Je passais ma main dans mes cheveux n’osant pas trop regarder Mister Williams. “Ouais ça m’est arrivé…” Avais-je répondu sur un ton qui se voulait détaché pour faire croire que ce n’était pas arrivé souvent et que ce n’était pas important. S’il savait que c’était tout le contraire en fait.

J’avais fait comprendre à mon ami que je ne souhaitais pas parler de mon séjour en hôpital psychiatrique puis j’avais fini par avouer à Nolan que la seule chose que j’avais souhaitée en étant là-bas, c’était m’enfuir de cet endroit de malheur et surtout le retrouver. C’est là que le brun me fit remarquer que j’étais un sentimental et qu’il ne le savait pas. Ce à quoi j’avais répondu qu’en fait je l’avais toujours été mais qu’il avait dû l’oublier. Après tout ce ne serait pas impossible puisqu’on ne s’était plus vu depuis longtemps. Lorsque Mister Williams m’avoua qu’en fait il l’avait toujours su je ne pus m’empêcher de sourire. D’ailleurs c’était aussi le fait qu’il me dise que jamais il n’oublierait comment j’étais qui m’avait grandement fait sourire. “Moi non plus je n’aurais jamais pu t’oublier…” Bon ok il n’avait pas vraiment dit ça, mais pour ma part c’était ce que j’avais envie de lui dire, donc je l’avais fait tout simplement. Même si j’avais un peu peur qu’il comprenne que de mon côté il y avait plus que de la nostalgie et de l’amitié à son égard. Je regardais mon meilleur ami qui riait tout en ayant la larme à l’oeil. Je l’écoutais et ne pouvais que sourire quand il m’annonçait qu’il était heureux que je sois là. “Et moi je suis content de t’avoir retrouvé.” Répondis-je aussitôt avec un beau sourire aux lèvres. En effet j’aurais probablement été malheureux comme les pierres si je n’avais pas réussi à retrouver sa trace.

Avec Nolan nous étions dans sa chambre universitaire. Eh oui il avait réussi à me faire venir jusque-là alors que pourtant de base je ne le souhaitais pas. Monsieur voulait que je dorme dans son lit mais je lui avais fait savoir que non je le lui laissais. Je ne pus que rire alors qu’il me disait que j’étais têtu. “Dois-je te rappeler que toi aussi tu l’es ?” Parce que certes oui je le suis mais mon ami n’est pas mieux que moi de ce côté-là. C’est vrai que niveau caractère on a quand même pas mal de points communs. Ce qui n’est sans doute pas si étonnant que ça puisqu’on était toujours fourrés ensemble étant gamins.

Mon ami était en train de passer une commande pour de la nourriture sur son téléphone. Il m’avait demandé si j’avais faim mais pour le moment ce n’était pas le cas. Bon par contre il avait prévu d’en prendre plus au cas où j’aurais un petit creux. Quand je vous disais qu’il est têtu lui aussi… Je regardais le brun et l’écoutais quand il me parlait des prédictions des petits gâteaux. “Mouais ce sont sûrement des foutaises !” Enfin c’était mon humble avis en tout cas. Après je me trompais peut-être mais en tout cas je n’y croyais pas. J’avais demandé à Nolan s’il avait cours cet après-midi. Tout simplement parce que je n’avais pas envie de me retrouver seul dans sa chambre. J’étais donc soulagé d’apprendre que non il n’avait plus cours aujourd’hui. Au moins je n’aurais pas à rester en solo. “Ok.” Répondis-je dans un premier temps avec le sourire aux lèvres. “Ouais j’avoue j’ai pas dormi de la nuit en plus…” En effet je n’avais pas réussi à trouver le sommeil durant le vol. Pour le moment ça allait, je tenais le coup mais peut-être que oui tout à l’heure j’aurai besoin de me reposer un peu. Ce qui ne me fera sûrement pas de mal, même si je ne sais pas si j’arriverai à fermer l’oeil maintenant que je suis en présence de Nono.    

De belles retrouvailles

SoNo

Je ne m’attendais clairement pas à ce que Nolan me demande si j’avais rêvé de lui. Oui c’était le cas, assez souvent d’ailleurs. Si bien que quand je me réveillais à chaque fois j’étais dégoûté et n’avais qu’une envie, replonger dans mon rêve où j’étais bien. Bien mieux que la réalité qui m’entourait à ce moment-là. Mais non franchement je ne me voyais pas du tout lui raconter tout ça, c’était bien trop gênant pour moi. Rien que le fait de lui avouer que oui ça m’était arrivé ce n’était pas simple pour moi et j’avais juste envie de me cacher mais je ne le pouvais pas alors je faisais semblant que tout allait pour le mieux. Je me raclais nerveusement la gorge à la nouvelle question du brun. “Rien de spécial…” Je n’allais certainement pas lui raconter que dans mes rêves lui et moi formions un couple. Il me prendrait pour un fou et/ou se foutrait de ma poire donc non autant que je reste évasif.

Comme si un jour je pourrais oublier le jeune Williams alors qu’il a toujours été la personne la plus importante à mes yeux, mon meilleur ami. Ouais je sais je dis ça mais j’ai des sentiments plus forts que l’amitié pour lui. Mais ça il ne le sait pas et c’est probablement mieux comme ça. Parce que je n’ai pas envie de prendre le risque de le perdre s’il vient à découvrir que je suis amoureux de lui depuis très longtemps et que la séparation n’a rien arrangé à la chose. Au contraire ça avait certainement même exacerbé cet amour que j’ai pour lui. Je ne pus m’empêcher de me marrer à cause de ce que venait de me sortir Nolan. “Ah ouais t’aurais tout effacé de ma mémoire juste pour me rappeler ça ?” Un lavage de cerveau, non merci sans façon. Enfin quoique si ça pouvait me permettre d’oublier toutes ces années merdiques, pourquoi pas en fait. Ouais ça pourrait être vraiment pas mal. Un nouveau rire s’échappa de ma bouche quand Nono se mit à prendre ma bouille d’ange entre ses mains pour m’embrasser sur la joue. Je ne savais pas ce qui lui prenait vraiment aujourd’hui mais il était trop mignon. D’ailleurs je ne sais pas si ça sera très bon pour mon coeur s’il continue sur cette lancée. Surtout après les petits mots magiques qu’il vient de me sortir et qui font accélérer mon rythme cardiaque. Si bien que je me trouve un peu con et que je n’arrive pas à lui répondre la même chose. Pourtant je le pense réellement mais certainement pas de la même façon que mon meilleur ami. Sûrement pour ça que j’ai gardé le silence. Parce que ça n’a pas la même signification pour nous deux.

Quelques minutes après on était arrivé dans la chambre universitaire de mon ami et celui-ci tenait à ce que je dorme dans son lit, sauf que non je ne voulais pas le lui piquer. Déjà que j’étais arrivé ici comme un cheveu sur la soupe, je n’allais pas abuser non plus quand même. Heureusement que je n’étais pas en train de boire sinon j’aurais probablement encore une fois avalé de travers. Tout ça parce que Nolan ne se rendait même pas compte que ce qu’il me disait me perturbait au plus haut point. Oui par le passé on dormait souvent ensemble mais on n’était que des gamins à l’époque. Alors que maintenant on est deux adultes. Certes je n’ai jamais eu de relation que ce soit amoureuse ou sexuelle mais je n’étais pourtant pas certain de rester impassible si on se retrouvait dans le même lit. Bien que me connaissant je serais incapable de faire quoi que ce soit en dehors de me triturer le cerveau dans tous les sens. “Je crois qu’on a passé l’âge de dormir ensemble non ?” Ok c’était complètement nul comme excuse mais c’était tout ce que j’avais trouvé pour refuser poliment sa proposition. Ouais valait mieux éviter que je me fasse du mal. Parce que c’était sûr et certain que d’être dans le même lit que lui me ferait plaisir d’un côté mais d’un autre ça me briserait probablement le coeur parce que j’aurais envie d’autre chose avec lui.

Je secouais la tête, amusé en écoutant mon ami me dire qu’il me lira quand même la prédiction du petit gâteau Chinois. “Je m’en réjouis d’avance !” Répondis-je sur le ton de la plaisanterie. Bon ok il faut bien avouer que j’adore entendre sa voix donc ça ne me gênera pas vraiment, même si je ne croirais absolument pas ce qui pourra être écrit sur ce bout de papier qui sera dans le gâteau. Pas mon genre de croire tout et n’importe quoi comme ça. Surtout des conneries pareilles !

J’étais content de savoir que le brun n’avait plus cours aujourd’hui et que du coup j’allais pouvoir profiter pleinement de nos retrouvailles. Ça me rassurait de savoir que je ne serai pas seul dans cette chambre pour le reste de la journée. Puisque mon ami avait proposé que je me repose un peu, je me levais de sa chaise de bureau et m’installais à côté de lui sur son lit. J’en profitais pour jeter un oeil en vitesse à ses cours même si forcément je ne comprendrais rien d’une part et qu’ensuite je n’avais pas envie d’entendre parler de psychologie ou de psychiatrie. “Courage pour tes devoirs !” Dis-je en lui souriant avant de m’allonger sur le dos avec les bras derrière la tête tout en continuant à le regarder parce que je ne voulais pas dormir tout de suite car je voulais juste continuer à profiter de sa présence qui m’avait cruellement manqué toutes ces années. D’ailleurs c’en était au point où je me demandais si je n’étais pas encore dans un de mes nombreux rêves.  

De belles retrouvailles

SoNo

J’adore mon meilleur ami vraiment mais qu’est-ce qu’il peut être chiant quand il s’y met. D’ailleurs aussi étrange que ça puisse paraître j’avais quasiment oublié ce détail. Sans doute parce que ça faisait trop longtemps qu’on ne s’était pas vu et que du coup j’avais un peu zappé son côté chieur. « Parfaitement ! Rien de spécial ! » Répondis-je, appuyant un peu plus mes paroles pour lui faire comprendre que de toute façon je ne dirai rien de plus au sujet de mes rêves. Je me retenais de soupirer de soulagement quand le brun m’avait dit qu’il allait me laisser tranquille. Ouf, tant mieux. « Un peu ouais c’est vrai. » Je ne pouvais cacher le fait qu’effectivement j’étais crevé à cause du voyage que j’avais fait cette nuit. Surtout que je n’avais pas réussi à dormir durant le vol.

Bien que fatigué, j’étais vraiment heureux d’être ici avec Nolan. Surtout quand il m’entraînait dans de bons gros délires. Rien de tel pour me faire sourire et même rire. Ah ce que ça m’avait manqué tout ça ! Il n’y a pas à dire, ça fait vraiment du bien de retrouver cet énergumène. « Ah ouais carrément ? Sur une chaise électrique ? » Demandais-je en riant de bon cœur. Il ne manquerait plus que ça qu’il m’envoie des coups de jus dans le corps. Ce serait du pur sadisme de sa part s’il s’adonnait à ce genre d’activité. « Encore ça serait marrant et ça me rappellerait de bons souvenirs. » Répondis-je en souriant. Eh oui il m’arrive assez souvent d’être nostalgique. Du moins au sujet de ma vie avant la période où j’avais été enfermé dans un hôpital psychiatrique par ma chère mère. C’est clair et net que je ne lui pardonnerai jamais ça. Ni l’année d’enfer que j’avais subi par la suite.  

Une fois dans la chambre de mon ami, celui-ci cherchait par tous les moyens à me faire craquer pour que j’accepte de dormir dans son lit. Sauf que je ne me sentais pas de faire ça. Je ne voulais pas le priver de son lit, même si c’était lui qui me l’avait gentiment proposé. J’avais donc sorti une excuse totalement bidon pour refuser de dormir en sa compagnie. Tout simplement parce que je cherchais à préserver mon pauvre petit cœur qui était déjà bien malmené depuis tout à l’heure. Je pouffais doucement de rire alors que le brun m’indiquait qu’il était resté un grand enfant. « Ah ouais ? » Je ne savais pas si ça me surprenait ou non. En même temps c’était dur de se faire une idée après tant d’années de séparation. « Mais non tu ne me fais pas peur ! » Oh que non, ce n’était pas pour ça que je refusais de dormir à ses côtés dans son lit. Mais je ne me voyais pas lui expliquer la véritable raison de mon refus.

J’avais rejoint Nolan sur son lit alors que celui-ci était plongé dans ses cours. Je lui avais souhaité bon courage pour ses devoirs tout en m’allongeant à ses côtés jusqu’à ce qu’il se lève pour aller sur son bureau. « Ça ne m’étonne pas. T’as jamais vraiment eu de difficulté en cours. » Du moins de ce dont je me souvenais. Nolan a toujours été plus brillant que moi pour les études. « Pas sûr que j’arrive à dormir tu sais… » Surtout là que je suis bien trop excité d’être ici avec lui. Donc forcément m’endormir alors que je suis ravi d’être là, ça ne va pas être une mince affaire. Du coup même si le brun est parti s’installer à son bureau pour travailler, moi je continue à le regarder, souriant comme un idiot. Complètement heureux d’être de nouveau près de lui. Dire que j’avais imaginé ça des centaines de fois, rêvant de ce moment. Et voilà que maintenant j’y étais, même si j’avais encore du mal à le réaliser. J’avais comme cette sensation qu’on agissait comme si on s’était quittés la veille alors que non. Autant dire que c’était étrange quand même.

Je ne sais combien de temps après Nolan me sortit de mes pensées en me demandant si je dormais. « Non je ne dors pas… » Répondis-je simplement pour lui montrer que j’étais bien réveillé. « D’accord. À de suite alors ! » Lui dis-je en souriant avant qu’il ne quitte la chambre. Je m'étais redressé un peu et installé correctement sur le lit durant sa courte absence. Je secouais doucement la tête en remarquant que le brun venait de déposer de la nourriture près de moi à son retour. Pourtant je lui avais bien dit que je n’avais pas faim. Toutefois je ne le lui fis pas remarquer, le laissant bosser tranquillement. Je l’observais avec un sourire amusé de le voir si concentré. Qu’est-ce qu’il est mignon comme ça quand même. D’ailleurs ça me rappelle quand on était au collège et que j’avais fini mon interro avant lui et que je le matais en douce alors qu’il était toujours occupé à répondre aux questions. Eh bien là il avait toujours la même expression sur sa bouille d’ange. C’était agréable de voir que beaucoup de choses n’avaient pas changé malgré les années qui s’étaient écoulées. Ce qui avait aussi un côté rassurant. Moi qui avais tellement eu peur que tout ait changé en mon absence.